Derniers essayages

La cérémonie de mariage approchait, et Francine n'avait toujours pas revêtue sa robe pour la stupide raison que les retouches n'étaient pas encore terminées.

*En plus, une robe pareille, ça ne s'enfile pas en deux minutes... Quelle idée de mettre des volants partout, des noeuds, de la dentelle... Vais-je devoir ressembler à un épouvantail sur patte? Je vais être ridicule...*

Comme si elle avait lu dans ses pensées, la jeune fille chargée de l'aider à s'habiller la rassura :

"Vous allez être très belle dans cette robe, Altesse. Elle est vraiment digne d'une reine. Qu'est ce que j'aimerais en avoir une pareille, dit-elle, rêveuse.

- Chère Mathilde, je te la donnerais volontiers. Je n'ai guère l'habitude de tout ce supperflu. A la cour de mon père, les robes étaient simples mais pratiques et confortables. Avec ce... machin, je ne sais même pas si je vais réussir à marcher sans me prendre les pieds dans les bords en soie. Non, vraiment, c'est trop pour moi..."

La dénomée Mathilde la réprimanda gentiment :
"Altesse, rien n'est trop pour une reine. Vous allez devoir vous y habituer."

*Malheureusement...*

Alors qu'elle repensait aux jours heureux à la cour de son père, avant la Guerre qui avait déchiré le payx et ses fiancailles avec Patrick, trois coups furent portés sur la porte de la chambre. La porte s'ouvrir, laissant aparaître une petite femme ronde.

"Doucement, doucement, n'abîmez pas la robe de la reine !"

Deux pages portant cérémonieusement la robe de mariée entrèrent après elle.

"Votre Altesse, s'écria joyeusement la petite femme, cette fois la robe est à votre taille. J'ai passé toute la nuit à faire les retouches, elle vous ira comme un gant ! Venez, Altesse, venez l'essayer ! Le mariage est pour bientôt !"

La dernière séance d'essayage débuta.

*Pourvu que je n'ai pas l'air d'un épouvantail...*

Dans la pièce d'à côté, le futur marié était lui aussi en train d'essayer sa tenue pour le mariage.

Un papier à la main, un petit pain dans l'autre, le prince Patrick, futur roi du Royaume des Isles, ne faisait guère attention au couturier qui s'affairait à faire tomber impécablement les plis des différesnts tissus qui composaient sa tenue. Il était beaucoup trop occupé à discuter avec son conseiller de l'attaque récente contre Hautetour.

"Alors, alors, à combien s'élèvent nos pertes?" demanda-t-il, tout en lisant le parchemin.

Alors que son conseiller allait répondre, il reprit avec entrain :
"Ah, seulement quelques petites centaines d'hommes, et peu de mages. C'est très bien, très bien tout ça."
Il croqua dans le petit pain et, la bouche pleine, continua :
"Ch'est moins pire que che l'aurais cru. Nos hommes ont fait du bon travail en repouchant ses maudits elfes. Che que je ne comprends pas, ch'est porquoi Krondor a été prévenu avant nous... J'en toucherais de mots à mon cousin et duc James quand il sera là."

Il reporta son attention sur le parchemin, et continua à grignotter son petit pain.

"Aïe ! s'écria-t-il soudain.
- Votre Altesse?" demanda, perplexe son conseiller.
- Couturier, faîtes attention ! Vous venez de piquez ma jambe avec vos aiguilles. Je ne voudrais pas transformer en passoire !
- Toutes mes excuses, Altesse, mais vous bougez beaucoup, Altesse. Mais soyez rassuré, Altesse, votre tenue est bientôt terminée. Elle sera prête à temps pour demain." Le petit couturier ne savait pas où se mettre, et ses joues avaient pris une teinte rouge tulipe. Il avait une de ces peurs de ce faire renvoyer à cause de ce petit incident et de sa négligence !

Patrick secoua son parchemin, distraitement :
"Allez, ce n'est rien, juste une petite piqure de rien du tout. Continuez donc, je tiens à être le plus beau de la cérémonie demain."

Et sans écouter la réponse du couturier, il se replongea dans son parchemin, et continua à donner des insctructions à son conseiller.

*Décidément, on ne dirait pas qu'il se marie dans quelques heures...* ne put s'empêcher de penser celui-ci.

De retour chez Francine...

La future mariée était très pâle, serrée dans sa robe blanche et or.

"Vous êtes certaine que ça doit serrer autant? J'ai du mal à respirer..." Elle souffrait le martyre.
Cela faisait plus de deux heures qu'elle faisait son dernier essayage, et elle avait l'impression que cela faisait une éternité qu'elle était dans cette pièce, à enfiler jupons par-dessus jupons.

"C'est que c'est parfait alors, si vous avez du mal à respire. Voyez-vous, c'est fait exprès. Vous serez magnifique, et toutes les jeunes filles vous envierons. Mais pour cela, arrêtez de vous plaindre, et laissez moi finir de vous habiller, pour être certaine que tout est parfait."

Francine était au bord des larmes. Cette séance devenait un vrai calvaire, elle se transformait en un horrible cauchemard. Debout sur un tabouret depuis plusieurs heures, sans bouger... Non vraiment, elle avait hâte que cete mascarade se termine. Elle avait hâte que l'on soit à demain soir, et que la cérémonie officielle soit terminée. Après au moins, elle ne serait plus obligée de porter cette horrible robe...

Horrible?

Non, elle devait être franche, la robe était vraiment maginifique. Des broderies en fil d'or sur le bustier, des fleurs en or sur les différentes couches de jupon...

Voilà qu'elle se remettait à dénigrer la robe. Quelques années plus tôt, elle aurait fait n'importe quoi pour porter une vraie robe de princesse. Et maintenant qu'elle l'avait sur le dos... Elle donnerait n'importe quoi pour pouvoir porter un vulgaire jupon en tissu grossier.

"Et voilà, Altesse. Regardez vous ! Vous êtes radieuse !"

Avec appréhension, Francine tourna son regard vers l'immense miroir de sa chambre... et tomba nez à nez avec une inconnue merveilleusement belle.

"C'est moi, ça?!"

Si elle en croyait les sourires admirateurs des quelques jeunes filles dans la salle, oui, c'était bien elle.

"Wa..."
Elle ne put rien dire d'autre.

*Et bien, ça valait le coup !*

"Allez, maintenant que je vois que tout est parfaitement parfait, on enlève tout ça. Je reviendrais demain matin, vers la troisième heure après l'aube pour vous aider à l'enfiler, avant la cérémonie. D'ici là, vous pourrez retrouver des robes plus confortables."

Avec un soupir de soulagement, Francine laissa se faire déshabiller. Demain, ce serait la dernière fois qu'elle enfilerait cette robe. Demain, elle deviendrait... reine.

Une goutte de sueur descendit le long de son dos.