Effervescence

Le matin du grand jour était enfin arrivé. Francine s'était levée de bonne humeur après s'être rendormie. Fort heureusement, cette fois-ci ses rêves aveient été paisibles. Pour être franche, elle ne se souvenait même pas pourquoi elle s'était réveillée en plein milieu de la nuit. Son rêve étrange avait disparu de ses pensées.

En se réveillant, Francine s'était rendue compte qu'elle avait une faim de loup. Elle avait très peu mangé la veille, à cause de son état de stress, mais ce matin, elle était bien décidé à avaler quelque chose. La journée serait longue, mieux vallait l'affronter l'estomac remplit.

Elle était donc descendue aux cuisines du palais, encore en tenue de nuit, empruntant les escaliers de services pour plus de sécurité. Quand elle arriva tout près de la porte, elle ne put s'empêcher de saliver : les effluves venant de la cuisine sentaient divinement bons ! Son estomac gargouilla, comme pour la convaincre un peu plus. Elle poussa la porte... et tomba nez à nez avec un marmiton.

"Pardon, pardon. Poussez-vous donc, je suis pressé !"
Elle s'écarta avec amusement du passage du jeune homme, qui portait une pile d'assiette. Apparement, ils dressaient déjà la table du banquet de ce soir. Le nombre d'invités devait être faramineux.

Elle entra prudemment dans la cuisine, et fut happée par un tourbillon d'activité. La cuisine fourmillait de monde, et était emplie des voix fortes des cuisiniers et cuisinières qui donnaient des ordres à tout bout de champ. Francine se dirigea avec difficulté près d'un mur et observa l'agitation dans la cuisine. Personne ne faisait attention à elle.

*Qu'est ce que j'ai été sotte ! Pourquoi être descendue ici? Qu'est ce qu'il m'est passé par la tête? Ici, ce n'est plus comme chez moi...*

"Altesse, que puis-je faire pour vous?"
Le ton était sec, teinté de fatigue et de lassitude. Francine regarde avec bonté la petite cuisinière qui lui faisait face, un torchon dans la main.

"J'aurais... j'aurais aimé prendre un petit déjeuner rapide... Mais je vois que vous êtes tous très occupé, je n'aurais pas du descendre..." baffouilla la futur reine.

"Dites donc ce que vous voulez, nous vous le montrons dans votre chambre, Altesse.
- Mais c'est que... j'aurais voulu prendre mon repas ici. Je me sens plus à l'aise que dans mes appartements..."

La cuisinière soupira, puis lui fit signe de la suivre. Elle l'ammena jusqu'à un carré de table qui ne disparaissait pas sous les plats ou les couverts.
"Si vous voulez bien attendre quelques instants, je vous amène de quoi manger, Altesse."
Francine lui sourit en réponse. Décidemment, ce n'était pas très poli de sa part de débarquer ainsi.

*Tant pis, je suis la reine. Je fais ce que bon me semble* se dit-elle en réprimant un soupir.

La cuisinière revint très vite avec un plateau fort copieux. Petits pains, lait, beurre, miel. Et même une généreuse part de tarte à la mûre.
"Mangez avec appétit. Une grande journée vous attends, Altesse.
- Merci beaucoup, tout cela m'a l'air si délicieux !"

La cuisinière éclata de rire, et repartit travailler. Francine accorda alors toute son attention à son petit-déjeuner.

Alors qu'elle attaquait la tarte, une voix se fit entendre par-dessus le brouhaha constant :

"Majesté ! Il est l'heure de revêtir votre robe !"

Francine regarda la tarte avec envie. Au diable les exigences de son rang ! Elle enfourna avec délice un gros morceau de tarte.

*Elle est délicieuse!*

"Majesté, venez donc, il n'y as pas de temps à perdre..."
Francine sentit qu'on lui pressait l'épaule.

Grâce à son rang, elle savait que personne ne la lèverait de force du tabouret. Elle prit soin alors de prendre tout son temps pour finir son petit déjeuner. Et avec une lenteur délibérer, elle se leva et se tourna vers son habilleuse :
"Je suis prête, allons y."

Et avec toute la majesté dont elle pouvait faire part, elle sortit de la cuisine, la petite couturière sur ses talons.