Deux voleurs en mauvaise posture.

Wiliam arriva devant la porte d'une cage, une petite pièce fermée par tois côtés par des barreaux montant du sol - dallé - au plafond, le quatrième étant le mur de la prison. Sur ce mur, tout en haut, se trouvait une petite fenêtre, assez grande pour laisser passer la lumière du soleil, mais pas assez pour laisser quelqu'un s'y faufiler, pas même un enfant.

Les deux voleurs, arrêtés quelques minutes plus tôt, y attendaient. Sans préambule, Wiliam lança bien fort :
"Alors? Quelqu'un veut bien m'expliquer quelle est cette mascarade? Connaissez-vous les châtiments infligés à ceux qui se moquent ouvertement de la couronne?"

Wiliam n'eut pas besoin de mimer la suffocation pour que le deuxième voleur, celui arrivé au rendez-vous donné par Yusur, commence à blêmir.

"Toi !" lança subitement Wiliam en pointant son doigt sur le deuxième voleur, alors que le deux hommes ne faisaient pas mine de parler. "Qui est-tu pour oser braver ainsi la couronne?"

Il espérait ainsi que l'homme lui donne son identité car aucuns de ses hommes n'avaient pu mettre un nom sur son visage. De toute évidence, et cela ne réconfortait pas du tout l'espion, ce n'était pas l'homme à la tête du gang de voleurs, ni même un de ses membres.

Yusur devait le reconnaître, son plan sur la fin, avait était foireux. C'est dans ces moments, que l'on peut affirmer que la théorie n'assure jamais à cent pour cent la réussite de la pratique. Le plan de Yusur était sans failles, du moins le pensait-il, mais, quand vînt la sournoise pratique, celle qui vérifie la théorie, d'une façon directe, les choses prennent alors une tout autre tournure. Apparemment, le mage arnaqueur, avait bien du mal avec la pratique.. sauf dans le cas où il n'avait pas étudié la théorie avant : ce qui pourrait s'appeler en langage courant : l'improvisation. C'est déjà en constatant ces éléments, que l'on se rend comte de l'extrême complexité de la psychologie du mage escamoteur.
Quoi qu'il en soit, il devait maintenant passer à l'improvisation, ce qu'il appréciait, encore plus même que la théorie.

* Je pense que l'erreur que j'ai faite, est sans doute, la précipitation. J'ai chamboulé mon plan, ce que je n'aurais peut être pas dû faire. De toute façon, maintenant, je me trouve devant Wiliam et je sens que je vais m'amuser * puis il ricana, comme à son habitude, dans son coin.

La journée avait été longue et dure, mais apparemment, cela ne souciait guère Yusur, qui prenait plaisir à rencontrer toutes sortes de difficultés qui pouvaient ajouter du piment à sa vie. Contrairement à lui, Carl était épuisé. Se faire courser par des hommes armés de glaives et d’écus, puis tenter de les combattre n'avait pas été une mince affaire.
De plus, les gardes avaient fini par le maîtriser, et se serait mentir que de dire qu'il n'aurait pas souffert de leurs nombreux coups.

En travaillant avec Yusur, qu'il avait quelques fois, il est vrai, du mal à suivre, quoi que souvent il se démenait fort bien, il avait apprit à le connaître un peu, et à l'apprécier. Il était désormais fidèle au mage plaisantin, et ne le trahirait pas en si mauvaise posture.
Surtout, il avait acquit la confiance en Yusur, et savait qu'il l'aiderait et lui donnerait la part promise. Yusur, pensait-il, était quelqu'un dans le fond, de bien. Mais, il comprenait la colère que devait ressentir l'homme qui les détenait, car Yusur était une personne difficile à cerner, et l'homme, s'il le suivait depuis longtemps, n'avait pas toujours dû bien comprendre les faits et gestes de Yusur.

"Alors? Quelqu'un veut bien m'expliquer quelle est cette mascarade? Connaissez-vous les châtiments infligés à ceux qui se moquent ouvertement de la couronne?"

Carl blêmit tout à coup. Il ne voulait surtout pas que l'homme qui devait être un agent au service de la couronne l'interroge. Soudain, l'homme émît un :

"Toi !" Yusur eut un large sourire, lorsque Wiliam se tourna vers Carl pour l'observer et donc ne pouvant voir le mage. Carl reprît légèrement confiance en soit.

"Qui es-tu pour oser braver ainsi la couronne?"

Carl se gratta alors le menton : Il ne réfléchit pas un instant de plus et répondit à l'agent :

" _ Un brave homme, Messire, j'vous jure ! "

Yusur était muet comme une carpe. Voir Carl se débrouiller ainsi l'amusait. Et puis, il était temps de voir jusqu'où allaient les capacités de Carl.. Son sourire se fit de plus en plus large. Finalement, il parla de la sorte :

" _ Je vous ai ramené ce voleur, comme promit. Je ne vais pas tarder à voir apparaître d'horribles bleus bientôt ! Et vous, avez-vous avancé dans vos recherches ? "

Yusur conservait encore son sourire, néanmoins moins accentué qu'auparavant, mais tout aussi présent.

Wiliam haussa un sourcil d'incompréhension. Il commençait à en avoir sérieusement assez du petit jeu du voleur, mais ne voulant pas le montrer tout de suite, il décida, une fois de plus, de rentrer dans son jeu.

"Bien, je pense donc que c'est un malentendu si vous vous trouvez au côté de ce malfrat. Je vais faire en sorte de vous faire libérer très rapidement. Vous savez, les bavures, ça arrive toujours alors... ne nous en tenez pas trop rigueur je vous prie." lança-t-il à l'adresse de Yusur.

Puis, il reporta son attention sur l'autre voleur. Celui-ci semblait avoir quelque peu la frousse, et cela allait jouer à son avantage. S'il pouvait lui faire avouer que tout ceci était une mascarade, il pourrait savoir enfin pourquoi.

"Alors, cher ami..." commença Wiliam, parlant comme si Yusur ne se trouvait pas dans la même pièce. "Vous savez que vous être en très, très mauvaise posture? Notre ami vous a ramené à nous, et vous feriez mieux de nous dire où se trouve vos petits copains, sinon, nous serons obligés d'utiliser la manière forte."

Il fit signe à un homme d'avancer et celui-ci, en pénétrant dans la lumière, révéla une longue et lourde pince en fer entre ses mains, semblant être rouillée à ses extrémités. Mais tous savaient pertinemment que ce n'était pas vraiment de la rouille.

"Néanmoins, une coopération rapide, claire et volontaire pourrait vous épargner de nombreuses souffrances. Et puis, qui sait? Le duc est réputé pour sa clémence, peut-être vous accordera-t-il une mort rapide au lieu d'être pendu, ou bien l'exil. Pourquoi donc paieriez-vous à la place des véritables coupables? Pourquoi payer pour eux? Je suis quasiment certain que vous n'êtes pas le cerveau de la bande, sans vouloir vous offenser... Vous ne méritez pas de mourir pour sauver les camarades qui vous ont abandonné..."

Wiliam marqua une petite pause et, pendant ce temps là, l'homme tenant la pince la fit jouer dans ses mains, la montrant bien au prisonnier, le faisant imaginer les pires tortures qu'elle pourrait lui infliger si celui-ci ne se décidait pas à coopérer.

Puis, l'espion se remit à parler, d'une voix douce, presque amicale :
"Alors, cher ami, avez-vous pris une décision? Le temps passe et mon collègue ici présent meure d'envie de jouer avec son petit joujou..."
Et, pour ponctuer cette phrase, l'homme à la pince adressa à Carl un sourire démoniaque.

*Voyons si cet homme a du cran, ou s'il va faire dans son pantalon et appeler sa mère au secours.*

"_Bien, je pense donc que c'est un malentendu si vous vous trouvez au côté de ce malfrat. Je vais faire en sorte de vous faire libérer très rapidement. Vous savez, les bavures, ça arrive toujours alors... ne nous en tenez pas trop rigueur je vous prie.

Yusur rie de bon cœur, puis répondit :

_ Oui, je comprend, dur métier, n'est-ce pas ? Je viens tout juste de le tester ! Et je crois d'ailleurs qu'il ne me convient pas. Autre chose, si vous reconnaissez avoir commis une erreur, pourquoi ne pas me libérer tout de suite et traiter avec ce malfrat que j'ai tenté d'arrêter. C'est que des recherches m'attendent, moi ! Et puis, je suis sûr et certain que vous aussi, vous avez d'autres.. hum, missions, qui vous attendent. "

*Quelle histoire, tout de même ! Je retournerais bien à Krondor, plus tard, que cette ville est attrayante ! *

C'est alors que l'agent tourna la tête en direction de l'autre voleur.

"Alors, cher ami... Vous savez que vous être en très, très mauvaise posture? Notre ami vous a ramené à nous, et vous feriez mieux de nous dire où se trouve vos petits copains, sinon, nous serons obligés d'utiliser la manière forte."

Carl se demanda alors si l'homme oserez lui faire du mal, car après, dans le contexte de l'histoire fictive et montée de toute pièce, n'était-il pas qu'un simple maraudeur ?

"Néanmoins, une coopération rapide, claire et volontaire pourrait vous épargner de nombreuses souffrances. Et puis, qui sait? Le duc est réputé pour sa clémence, peut-être vous accordera-t-il une mort rapide au lieu d'être pendu, ou bien l'exil. Pourquoi donc paieriez-vous à la place des véritables coupables? Pourquoi payer pour eux? Je suis quasiment certain que vous n'êtes pas le cerveau de la bande, sans vouloir vous offenser... Vous ne méritez pas de mourir pour sauver les camarades qui vous ont abandonné..."
Reprit Wiliam.

Carl observa le bourreau qui apparemment cherchait à l'intimider avec ces deux cruelles pinces.

* Diantre, si j'avais un jour imaginé qu'il m'arrive pareille chose, je serais depuis longtemps loin de Krondor ! *

"Alors, cher ami, avez-vous pris une décision? Le temps passe et mon collègue ici présent meure d'envie de jouer avec son petit joujou..." annonça l'agent d'une voix mielleuse.

Le bourreau apparemment prenait plaisir à torturer les autres, car Carl le surprit à sourire, un sourire malin et machiavélique.

* Faut-il être fous pour exercer ce métier ? * pensa le " voleur ".

Yusur se permit alors d'émettre une remarque :

" Tout de même, pour des agents princiers, quelles vulgaires méthodes barbares et rustiques utilisez-vous là. Mais ma foi, si cela est le seul moyen de faire avouer à ce voleur le repère de ces collègues, pourquoi pas, mais alors, veuillez épargner mes yeux de ce spectacle.. " dit Yusur, l'air malicieux.

Carl dit alors à son tour :

" _ Vous croyez quoi ? Q'c'est des pinces à linges qui vont m'effaroucher, M'sire ?! Ranger donc v'ot matériel d'assassin, pour me poser vos questions de manière.. hum.. civilisé ! "

Wiliam se retint d'empoigner l'homme par le col de sa chemise, à travers les barreaux. Comme tout cela commençait sérieusement à l'énerver au plus haut point ! Et ce n'était pas comme s'il n'avait pas des choses plus urgentes à faire ! Eloïse était pressentie pour prendre quelques jours de vacances, loin en mission pour le prince, et il fallait organiser le remplacement. Mais pour le moment, il était là et devait s'occuper de cette affaire.
*Alors autant qu'elle se finisse le plus rapidement possible.*

"Bien, dit-il en s'adressant à l'autre voleur, d'un voix totalement neutre et désintéressée, alors je vais vous posé mes questions de manière civilisée, puisque c'est ce que vous demandez. Pour commencer, pouvez vous me dire combien de membres fait partie de votre petite organisation? Et quels sont vos buts? Parce que, franchement, il faut avoir une grosse dose de culot pour oser créer une organisation parallèle à celle des Moqueurs, et surtout dans la ville qu'ils contrôlent le mieux. A quoi pensiez-vous aboutir en rejoignant ce petit cercle ? Détrôner les Moqueurs ? Arrondir vos fins de mois ? Ou alors, simplement, embêter la Couronne et la détourner de quelques activités encore plus douteuse ?"

Wiliam se garda bien de dire qu'ils avaient certainement fait une grosse erreur en montant cette organisation car, si la Couronne tolérait les Moqueurs, elle ne tolérerait pas une autre organisation de la sorte.

Carl resta muet un instant à cette dernière réplique de l’agent princier.

Il se répéta dans sa tête, comme s’il n’avait pas intégré leur notion, les phrases qu’avait dîtes Wiliam.
Puis il réfuta enfin :

« _ Combien de membres font partis de mon organisation ? Quels sont notre buts ? il sourit puis poursuivit : ça, je vous délègue Yusur, qui vous fera une joie de vous répondre !

Le mage escamoteur étant resté muet jusqu’alors, se permit, tout d’abord comme à son habitude de ricaner, puis d’affirmer :

_ Wiliam, Wiliam ! N’avez-vous jamais pensé que cette affaire n’eût était qu’un leurre ? Que la tournure des choses ne se passe pas à votre convenance, si bien qu’il n’aurait été possible qu’elle soit crédible, véridique ? N’avez-vous jamais douté, de toute cette affaire ? Du fait même que cette bande de voleur n’ai été que fictive ? Il en ai certains qui se seraient laissés duper. Mais à force d’observations et d’attentions, j’ai pus constater qu’il n’en était rien de vous. D’aucuns, auraient aussi flairé le piège, mais ceux-là, me sont inconnus.
Après ce petit discours, je vous dévoilerai donc ma véritable identité. Yusur farfouilla dans son pantalon, et y sortit un porte-feuilles. Là, il y plongea promptement sa main, et bientôt, ce fût une sorte de carte d’identité qui en fût détroussée. Je me nomme effectivement Yusur, mais je ne suis pas le vulgaire petit voleur que vous avez toujours soupçonné que j’étais, mais bien un agent royal, auquel l’on a confié de s’assurer que les affaires intérieurs étaient gérées par des personnes qualifiées. Autrement dit, pensant m’épier et me surveiller, s’en fût moi même qui me chargea d’en fait autant pour vous. Rassurez-vous, mes commentaires, seront, dans leur ensemble positifs, quoi que l’incertitude que vous avez eût sera mentionnée.
Le mage pivota sur lui même, puis avant de quitter magistralement, et théâtralement l’agent princier, ajouta : A bientôt Wiliam, si vous pouviez faire en sorte de relâcher cet homme, mendiant que j’ai recruté à très bon marché, j’en serait davantage satisfait, et les commentaires en seraient eux, davantage positifs. Sur-ce, bonne continuation. »

Et Yusur quitta la salle, d’un pas déterminé, toujours avec ce petit sourire incrusté au coin des lèvres..

Wiliam resta bouche bée pendant tout le monologue du voleur. Il ne comprenait rien. Et, à ce stade, il se demandait s'il ne disait même pas la vérité. Mais ce n'était pas possible, non, vu qu'il avait eu des preuves réelles de cette organisation illégale, cette nouvelle bande de voleurs.

Mais le fait que l'homme pouvait être un agent de la Couronne... Wiliam n'y avait jamais pensé. Et si c'était le cas, et malgré les paroles rassurantes de Yusur, il allait certainement être dans une situation fort embarrassante.

*Intention de torture sur un agent royal...* pensa-t-il, effondré, *je risque la pendaison, ou pire !*

Il n'eut pas le temps de dire un mot que le voleur avait disparu. Ses hommes le regardèrent, mais d'un signe de tête il leur fit comprendre que ce n'était pas la peine de le poursuivre. S'il quittait la ville, bon débaras. Et s'il restait à Krondor, ses hommes tomberaient bien par hasard dessus, un de ces jours.

Conforme à l'ordre implicite de l'homme, Wiliam ordonna que l'on relâche l'autre voleur. On lui glissa dans la main cinq pièces d'argent pour le dédommagement. Une fois la prison vide, Wiliam la quitta et alla chercher Eloïse.

Elle connaîtrait les réponses à ses questions.