A la poursuite ce cet artefact

Yusur avait il y a environ deux jours, quitté Krondor. Il avait préparé une lettre destinée au prince, qu'il répétait sans cesse dans sa tête cherchant une erreur, minuscule soit-elle, il devait la repérer si jamais elle existait :

* Noble prince,

il se peut qu'en vous abordant de la sorte, je ne me rende pas bien comte de la personne à qui je m'adresse, néanmoins, je le ferais tout de même :
Il y a un agent princier, un dénommé Wiliam, qui a commit l'erreur de ne point me capturer. Depuis le début, je l'ai mené en bateau. Toutefois, je l'ai trouvé fort sympathique, et de bonne foie, je vous demande, en homme juste, de ne pas le sanctionner pour son erreur. J'avais si longtemps préparé mon plan, qu'il aurait été tout aussi difficile pour un autre de ne pas faillir.

En réalité, la seule chose concrètement que je lui aie volé, est du temps, mais en contrepartie je lui ai donné de l'occupation, et de l'entraînement, alors le change se vaut bien.

Merci à vous, illustre prince, de m'avoir écouté, je vous laisse à vos occupations et en retourne aux miennes.

Avec toutes mes considérations distinguées que je puis vous donner, à bientôt...

Rusuy, le marchand volé. *

Yusur ricanait à chaque fois qu'il se la rappelait. Il s'imaginait la tête que ferait le prince en la lisant, cette lettre. Il se remémora qu'en quittant Krondor, il avait donné la charge de cette missive à un jeune garçon, il espérait seulement que ce dernier parvienne à la donner à sa majesté.

Quoi qu'il en soit, Yusur était content : Il avait, une fois de plus, réussi à arnaquer, à tromper son identité. Finalement, l'argent lui était peu important, seul comptait le divertissement, et la jouissance d'avoir réussi une telle chose, cogitée pendant un certain temps non négligeable.

Il pensait alors à Carl :

* Celui-là, il hérite de ma bonne fortune ! Quel chanceux ! Enfin bon, tant mieux pour lui. C'était un bon complice qui jouait bien son jeu ! *

Puis, comme à son habitude, il gloussa, peut-être que certaines pensées déplacées lui vinrent à son esprit, nul ne le sait, le fait est qu'il gloussait ! Et comment ! Il ne s'arrêtait pas, si bien que cela faisait bien dès-lors, une bonne dizaine de minutes qu'il riait.

Alors, à l'improviste, vînt se glisser en son esprit, ce mystérieux artefact.
Il augmenterait sa chance ! Yusur en avait longuement réfléchit, et il en était arrivé à la conclusion, que l'effet que procurait l'artefact lui était sans importance, mais que ce qui l'importait, était la cause de cet effet, qui probablement le ferait réfléchir plus d'une fois, et qui sait si cela ne lui apporterait pas une nouvelle aventure ? Et bien plus intéressant que la cause, était la recherche de cet artefact : péripéties, dangers, vols, dangers, arnaques, dangers, et bien plus encore !
La vie pour lui, n'était rien d'autre qu'un repas parmi une multitude d'autres repas : Il pouvait le déguster, savourant chaque mets, le manger sans intérêts, ou par instincts, ou le dévorer. Lui, de tous cela, il préférait le dévorer en y ajoutant un peu de piment. Il préférait que le repas lui paraisse de courte durée, mais que cette durée lui soit d'un profond plaisir, d'égaiement total, et de risques d'étouffements, quelques-fois en avalant de travers, mais que ce repas soit bien complet, plutôt que ce repas lui paraisse d'une longue durée, paisible mais sans trop de goût, banal, fade.

Tel était son état d'esprit.

Pourquoi s'était-il rendu dans les bois du crépuscule ? Simplement car en quittant Krondor, il avait sa petite enquête, et d'après un marchand d'artefact, l'objet recherché serait en ces bois. Mais ce qui l'interpellait, était que le marchand, sachant cela, n'était pas allé chercher l'artefact.

Quoi qu'il en soit, Yusur chercherait.

Il tenta de le retrouver en "sondant" les alentours, recherchant un objet magique, mais il ne ressentait rien. C'est alors, qu'un peu plus à l'est, il flaira la présence d'un objet magique. Il se précipita à l'endroit, et creusa de ses mains un trou, jusqu'à en toucher un objet. Ce dernier luisait de couleurs chaudes : rouge, rose, jaune, orange. Mais d'après l’œil fin du mage escamoteur, il ne s'agissait pas de celui qu'il recherchait. Mais alors, qu'était-ce ?...

- Ce que tu vois là m'appartient cher humain.

La voix avait surgi de nulle part, résonnant dans la tête de Yusur. Elle était grave, profonde, et dénuée de toute chaleur. Néanmoins, la voix ne semblait pas hostile, juste... contrariée.

Il n'y avait personne dans la forêt, et on pouvait seulement entendre les oiseaux gazouiller gaiement. Cette voix aurait pu être un rêve si seulement elle n'avait pas recommencé à résonner dans l'esprit du mage, mobilisant toutes ses forces et l'empêchant de faire autre chose.

- Et je te serais grès de le garder précieusement... A moins que...

La voix se fit songeuse, comme si elle réfléchissait à voix haute.

- Oui, bien sûr. Désires-tu m'aider? En contrepartie, je peux t'aider, quelque soit l'aide dont tu as besoin.

Alors que Yusur s'apprêtait à examiner l'objet magique qu'il venait de découvrir, une voix rauque surgit du néant :

- Ce que tu vois là m'appartient cher humain.

Elle retentissait et se répercutait dans sa tête, si bien que Yusur fut surpris comme il ne l'avait peut être encore jamais été.

Et c'est alors, tandis que le mage escamoteur commençait à se demander s'il n'avait pas rêvé, que la voix retentit à nouveau :

- Et je te serais grès de le garder précieusement... A moins que...

* Comment-ça ? Saint perlipopette ! Eclair de bourrasque ! Serait-ce la pierre qui parlerait ?! *

Puis, elle recommença :

- Oui, bien sûr. Désires-tu m'aider? En contrepartie, je peux t'aider, quelque soit l'aide dont tu as besoin.

Le mage tenta un instant de comprendre :

* Qui donc me parle ? Bon, tant pis, je le serais bien si je cherches un peu. *

Alors Yusur prit la parole :

" _ Quel est votre état, comment vous nomme-on, vous dont la voix surgit de nul part ? Ma foie, je pourrais vous aider en quelque chose, mais il faudrait que je sache de quoi il s'agit, non ? Je ne vais pas me lancé la tête dans ma carapace, les yeux clos dans une promesse que je ne puis peut-être pas tenir.

Alors que le mage prononçait ces paroles, une idée lui vînt à l'esprit :

* Et si... j'acceptais sans savoir de quoi il s'agit ? L'enjeu en serait plus important, et cela m'amuserais davantage. *

_ J'accepte de vous aider. En contrepartie cet artefact sera mien, et vous m'aiderez à l'avenir dans mes recherches... A vrai dire, la chose que je recherche est un artefact d'une extrême rareté. Cela vous va-il ? "

La voix émit un drôle de bruit, poussant passer pour un rire.

- Crois-moi, cet artefact ne te sera d'aucune utilité. A moins que tu ne prennes plaisir à tourmenter un être qui n'aspire au repos que depuis trop longtemps.

Puis, pendant quelques minutes, la voix et sa présence semblèrent disparaître, laissant Yusur de nouveau seul. Et, aussi soudainement qu'elle avait disparu, le voix revint :

- Tu es un homme comme en on rencontre rarement. Alors sache une chose : tant que je suis dans ton esprit, je peux lire tes pensées. Alors prends garde à toi.

Bizarrement, la voix sembla soudain baisser d'un cran, comme si elle désirait lui faire part d'un confidence.

- Tu veux en savoir plus sur moi? Très bien. Mais je vais faire vite, car il me reste peu de temps. J'ai beaucoup moins de pouvoirs à présent, et cette communication à distance me coûte beaucoup. Je ne serais pas surprise si je reste plusieurs jours dans le coma à la suite de cette entrevue... Mais je m'égare.

Je me nomme Valheiria. Je fus, il y des millénaires de cela, un agent de Mythar, bien avant que mon maître ne disparaisse. Je fus envoyé sur terre afin de resserrer son emprise sur le monde des mortels. Je parcourus ainsi ces terres sous forme humaine, usant de mes pouvoirs infinis pour parvenir à mes fins, et à ceux de mon maître.

Des siècles plus tard, je rencontrais un homme, presque aussi puissant que moi. Après des décennies à cohabiter, il décida de me jouer un vilain tour : il emprisonna mon âme et mon corps dans deux artefacts, me privant ainsi de mes pouvoirs et, envoyant mon esprit dans un corps difforme et mortel, me priva de ma vie et me condamna à mourir.

Néanmoins, j'ai réussi à déjouer ses plans, et me voici encore là, des siècles plus tard. Je suis las de cette vie, et je n'aspire plus qu'à mourir maintenant. Mais, pour ce fait, il me faut les deux artefacts qu'il a enterrés avec lui.

Et sache que tu en tiens un dans tes mains, petite créature...

La voix avait prit une coloration chargée de peine et de tristesse, mais également d'espoir.

- Si tu me rapportes cet artefact, ainsi que le deuxième, non seulement je t'aiderais à retrouver le tien mais je pourrais te récompenser de bien d'autres manières.

Je sais que tu n'es pas motivé par l'argent. Sache donc que, si tu as eu de la chance, tu en auras peut-être moins pour retrouver l'autre artefact. Je sais de source sûre qu'il ne se trouve plus par ici, mais qu'il a été emporté bien loin, après que j'ai demandé à deux hommes de m'aider à les retrouver. Comme tu t'en doutes, ils ne m'ont pas aidé...

Il n'y avait pas de colère dans la voix, juste du regret et de l'incompréhension, comme si elle n'arrivait pas à savoir pourquoi ces deux hommes n'avaient pas voulu l'aider.

- Je sais que tu as beaucoup de questions... Je t'écoute donc. Mais sache qu'il me reste peu de temps et de force pour continuer d'établir un lien entre nos deux esprits.

La voix résonna à nouveau :

_Crois-moi, cet artefact ne te sera d'aucune utilité. A moins que tu ne prennes plaisir à tourmenter un être qui n'aspire au repos que depuis trop longtemps.

* Tiens donc ? voilà qu’on m’annonce qu’un artefact ne me sera d’aucune utilité, moi qui toujours ai trouvé des artefacts aux utilités diverses ! Tourmenter un être, bigre non ! Jamais telle idée viendrait s’installer en mon esprit. *

C’est alors que la voix retentit une fois encore, surprenant le mage escamoteur :

- Tu es un homme comme en on rencontre rarement. Alors sache une chose : tant que je suis dans ton esprit, je peux lire tes pensées. Alors prends garde à toi.

* Ainsi vous pouvez lire dans mes pensées ? pensa-il. Et bien, rien de mieux pour m’entraîner à penser tout bas !… Certes, je vous l’accorde ma plaisanterie n’était pas d’un humour très élaboré. Et bien, je vous écoute, je suis tout oui. *

Yusur écouta attentivement le discours de Valheiria. Et, tandis que cette-dernier achevée son discours, les yeux du mages frétillaient tant il entrevoyait les aventures qui l’attendaient : Voilà que de nombreux périls, tels qu’il n’en eu jamais connu l’attendaient. De plus, la voix lui promettais l’artefact qu’il recherchait depuis fort longtemps. C’était une chance inespérée, et ne pas sans saisir aurait été folie pour Yusur.

- Je sais que tu as beaucoup de questions... Je t'écoute donc. Mais sache qu'il me reste peu de temps et de force pour continuer d'établir un lien entre nos deux esprits.

Yusur réfléchit un instant, puis parla tout haut :

_ Bien, ma première question est la suivante : Votre aide me permettra-elle de retrouver l’artefact que je recherche ? Puis, une question illumina soudainement l’étourdi mage : Mythar ? Qui est-il ? je sais que je devrais le savoir, mais à vrai dire, à l’école de magie que l’on me narrait des épopées anciennes, ou des formules magiques, cela n’en changait rien, je n’écoutais pas. De plus, je me suis peu instruit sur les passé de notre charmante Midkemia.

Puis, Yusur pouffa alors, réalisant qu’il était bien chanceux de trouver pareil entreprise ! Puis, il attendit que Valheiria lui réponde.

La voix, encore une fois, sembla s'éteindre et disparaître mais, une fois de plus, elle revient à la charge.

- Sans moi, humain, je doute que tu puisses retrouver l'artefact que tu recherches. Car, si j'en crois mes pouvoirs, il se trouve actuellement à Sethanon. Et, sans mon aide, tu n'arriveras certainement pas à l'approcher à moins d'un kilomètre.

Elle marqua ensuite une pause, comment pour peser ses mots, craignant d'en dire trop... ou trop peu.

- T'expliquer qui est... non était Mythar ne sera pas chose facile. Et je crains qu'avec le peu de temps qu'il me reste, je puis t'en dire beaucoup. Sache juste que Mythar est à l'origine de ce monde, il est à l'origine du chaos qui lui a permis d'exister. Mais il n'est plus depuis longtemps... bien longtemps !

La voix se fit soudain pressante, comme si le temps lui était compter :
- M'aideras-tu alors? Aideras-tu une pauvre âme comme moi? Si tel est ton choix, marche vers l'est jusqu'à ce qu'un signe du ciel t'ordonne de t'arrêter. Ce signe sera certainement une sorte de...

Mais la voix se tût à cet instant. Et le contact ne revient pas. Cette fois, Yusur était bel et bien seul..

Yusur fut surprit par cet arrêt soudain.

" _ Que ?!.. Allons-donc ! "

Puis il se posa un instant afin de réfléchir à ce qu'il allait faire :
* Et bien, cela s'annonce fort intéressant ! Je serais idiot si je n'acceptais pas ! *

Yusur jubilait alors : Enfin ! Enfin il connaîtrait de nombreux dangers, et s'il faut, ils risqueraient de le dépasser, et à ce moment-là, la ruse n'aurait aucun effet, seul la chance lui permettrait alors de triompher. Celui lui procurerait deux avantages : Le premier serait d'élever sa ruse à son summum. Le second, lorsque la ruse aura atteint sa limite et qu'il sera entièrement impuissant, serait de ne se fier qu'à Ruthia ! Cela pourrait paraître vain, mais cela ne l'était guère pour Yusur.

" _ Evidemment que j'accepte ! " dit-il tout haut, tout en se doutant qu'il parlait dans le vide, un peu comme s'il disait cela finalement plutôt pour lui que pour autrui.

* A l'est... Et bien marchons à l'est ! *

Et c'est ainsi que le mage escamoteur marchait à l'est, tout en observant le ciel...

Le ciel commença à rougir derrière Yusur, quelque peu caché par les arbres. Tout le reste de la journée, le jeune mage avait marché, sans qu'un signe notable ne soit venu perturbé sa marche tranquille. Oh, bien sûr, il y avait eu le vol étrange d'oiseaux, l'apparition de quelque créature inconnue, mais rien vraiment ne s'apparentait, même de loin, à un signe que l'avatar d'un Dieu aurait pu envoyé à un mortel.

La nuit finit par tomber et Yusur devrait bien finir par se résoudre à passer la nuit dans ces bois peut accueillants. On les prétendait hanté, mais personne n'avait jamais vraiment vu un quelconque fantôme errer dans les bois. Par contre, avec la nuit la température avait baissé de quelques degrés, et la nuit s'annonçait froide, même si on était à la fin de l'été.

De plus, des bruits étranges, propres à la forêt, se faisaient entendre ici et là. Les animaux nocturnes rôdaient dans les parages, s'éveillant à la faveur de l'obscurité.

La nuit ne s'annonçait pas de tout repos...

Cela faisait un moment que Yusur marchait.
Constatant que le ciel s'était assombri, il s'assit un moment sur un rocher envahi de mousses et de pousses d'arbres.

Dans l'obscurité de la nuit, il contemplait le ciel, et se demandait si ce signe ne serait pas anodin. Est-ce que cet astre lointain ne lui enverrait-il pas un signe pour qu'il ai conscience de son existence ? Après tout, il aurait très bien pu ignorer cet astre, et continuer son chemin..
Puis, Yusur se dit qu'il se serait déjà passé quelque chose d'inhabituel si c'était effectivement le signe. Alors, dans la pénombre, il reprit avec haleine sa marche nocturne.
C'est alors, qu'il aperçut une sorte de levraut, le contourner à une vitesse qui paraissait grandiose pour le voleur.

* Ma parole, il m'a bien dépassé d'un trait ! Et si c'était ce jeune lièvre ! *

Alors Yusur regarda à droit à gauche, mais toujours rien..
Cela commençait à l'obséder, la moindre chose devenait alors suspecte pour le mage escamoteur.

Toutefois, d'un autre côté, il prenait cela comme un jeu, une sorte d'énigme.

Alors il cherchait, observait et tirait des conclusions, et toujours il marchait oubliant le froid qui le taquinait.

Les heures passèrent... et aucun signe vraiment frappant ne vint perturber la froide monotonie de la nuit. Oh, bien sûr, comme avait bien pu le constater Yusur, la forêt fourmillait de vie, ce qui rendait le nombre de signes possibles infinis. Néanmoins, rien ne sortait vraiment du lot...

Les heures passaient, et rien ne se produisait. La nuit était calme, comme toutes les autres nuits, et ses habitants ne semblaient pas se soucier le moins du monde l'humain qui traversait les terres. A mesure que la nuit avançait, l'air se fit plus froid, plus rare aussi, comme si l'altitude augmentait. Pourtant, le sol restait au même niveau.

Au début, ce fut imperceptible mais, au fur et à mesure que Yusur avançait, l'air se fit plus dense, comme s'il se dressait sur son chemin et l'empêchait d'aller plus loin. C'était comme si... La gravité augmentait progressivement.

Cela faisait-il partie du signe annoncé par la voix? Ou bien était-ce le début de la longue agonie du jeune voleur?

Yusur peinait à aller de l'avant. A chaque pas, s'ajoutait un effort de plus. Le degrés d'énergie qu'il dépensait était proportionnel à la distance parcourue.

Bientôt, il sentait ses membres s'aplatir et une force inconnue le ratatiner à terre.

Alors, il s'arrêta. Il réfléchit un instant :

*Bon, et bien on dirait que le jeu se corse ! Tant mieux ! Cherchons de quoi nous éclairer un peu...*

Tout à coup, l'idée surgit d'elle même, semblable à une vision tant elle était survenue promptement. Le mage escamoteur, se saisit d'une pierre, puis la lança au loin...

Qu'allait-elle faire ? Qu'adviendrait-il ? Yusur s'en doutait-il, ou cela même dépassait son entendement. La raison le dominerait-il avant qu'il ne périsse le cas échéant, ou finirait-il, réduit à néant, son jeu dément ?

Quoi qu'il en soit, toute l'attention du mage était alors tournée en direction de ce petit cailloux, autrefois si insignifiant.

La main de Yusur mit plusieurs secondes à faire un trajet qui d'habitude se réalisait en un battement de secondes. La pierre prit de la vitesse, puis sembla ralentir, avant de rester immobile pendant quelques instants, comme figée par le temps. Puis, aussi vite qu'elle s'était immobilisée, elle reprit une vitesse plus normale et fila à toute allure.

A quelques centimètres du mage, un hérisson vint le regarder avec étonnement. Comment cela se faisait-il que l'humain restait si longtemps immobile? Le bruit de la pierre heurtant une branche le fit déguerpir à toute allure.

Soudain, comme sortie de nulle part, une étincelle s'alluma au loin. Elle tremblotait faiblement, s’éteignait parfois, puis se rallumait, comme si quelqu'un ou quelque chose s'interposait entre elle et Yusur.

Dans cette forêt sombre, sans nul doute que l’apparition de la lumière était un signe quelconque. Mais Yusur parviendrait-il à l’atteindre ?

Yusur avait d'abord été bien surpris par la réaction de la pierre. Il y avait apparemment comme un vide au milieu de cette sorte de force gravitationnelle. Et puis, soudain, il aperçut une étincelle. De ces disparitions de courtes durées, Yusur en déduit que quelque chose était présent entre lui et elle. Alors, il sortit une fiole sa poche intitulée par lui-même : " Eclair de bourrasque ". C'était un petit mélange chimique de magie qu'il avait composé, s'inspirant d'un livre qu'il avait antérieurement chapardé au Port des Etoiles, il y de cela fort longtemps.

*Toi, chérubin, tu vas être surpris, et je le serais sans aucuns doutes d'autant plus ! Mais c'est justement cela qui va te rendre captivant*, pensa Yusur, " tutoyant " le phénomène qu'il tentait d'appréhender.

Il ouvrit le flacon, toujours avec peine, puis le jeta avec la force la plus grande qu'il pouvait produire de part ses muscles.

La fiole libéra alors une sorte de poudre. Cette poudre avait pour particularité de rendre visible l'invisible. Cela d'ailleurs, l'avait jadis servit plus d'une fois, quand il s'agissait de voler quelque chose de dissimulée.

Yusur était alors très attentif, il se concentrait du mieux qu'il le pouvait pour ne rater rien de ce qu'il allait voir, et de sorte de retenir en grande partie chaque élément, si infime soit-il, qu'ils pourrait constater.

Les yeux de l'aigrefin brillaient alors d'une curiosité sans égale, et un sourire d'intense satisfaction traduisait l'état dans lequel il se trouvait alors.

La poudre aurait-elle l'effet désiré ? car après tout, dans ces conditions, où l'ordre des choses est changé, ce peut-il que ce qui anticipé devienne ce qui ne l'a pas été ? Et alors l'étonnement en serait que trop décuplé, et c'est cet état de vertige de non savoir qui amusait et faisait jouir peut-être comme il ne l'avait jamais encore été, Yusur.

Alors, qu'en serait-il ?...

La poudre s'éleva dans les airs, et commença à se répartir tout autour de Yusur. Elle brilla pendant quelques instants, révélant une espèce de champ de force sphérique enveloppant le jeune mage, comme s'il était prisonnier d'une bulle. Les contours n'étaient pas nets, mais il était clair que la sphère entourait le mage sur deux bons mètres de diamètre. De plus, ses bords semblaient pulser, comme si elle pouvait se mouvoir en même temps que l'homme.

Puis, elle disparut d'un seul coup, semblant n'avoir jamais existé. La sphère disparut au même moment mais, au loin, la lumière continuait de briller, semblant inviter le mage à se rapprocher. Elle aussi semblait vivante, animée d'une vie propre. Tantôt éclatante, tantôt terne, elle était comme un phare dans la tempête, la promesse d’un îlot de calme dans la tempête.

De plus, chose étrange, elle paraissait se rapprocher au fur et à mesure. Etait-ce une simple illusion d’optique dut à la fatigue ? Ou la sphère de lumière venait réellement vers le mage ? Quoiqu’il en soit, il ne lui restait guère de temps pour prendre une décision. Le champ de force se faisait plus pensant de seconde en seconde et, d’ici peu, l’air serait trop rare, et le mage mourrait dans d’atroces souffrances. Qu’allait-il décider de faire ?

* Quelle est cette sphère ?

Comment agit-elle sur moi ? *

Puis, alors que le mage s'interrogeait sur la sphère qui l'entourait,
celle-ci disparut.

Toujours, une force l'attirait de plus en plus vers le bas, et l'air se
raréfiait. D'un côté, il se sentait près du sol, mais de l'autre loin, à cause
de la rareté de l'air. Cela l'intriguait plus qu'autre chose à ce moment-là.

Yusur sentait qu'il se trouvait là dans une bien piètre situation. Il s'empara
brusquement et par instinct sans doute, d'une branche d'arbre délaissée, puis,
il la tendit aussi loin qu'il le pouvait, jusqu'à en toucher la flamme.

Embraserait-elle le bout de bois, pansant ses blessures et le sauvant d'une mort
certaine ? Agirait-elle en faveur du chapardeur, ou bien en sa disgrâce ? Ou
simplement n'agirait-elle pas ?

Qu'en pouvait savoir le brigandeau ? Il se contentait donc d'observer, avec
tout de même une hâte mêlée de curiosité et de craintes.
Ce qui lui paraissait durer infiniment, se déroulait probablement en une
fraction de secondes.
Le temps, comme tout chose, est relatif. Et en cette circonstance, il
comprenait que le temps n'était qu'une notion comme tant d'autres, et qu'il lui
fallait un référentiel pour devenir un concept.
Existait-il de lui même ? Vide de choses avait-il un sens ? Telles étaient les
questions qui interpellaient Yusur, alors même que le temps lui était compté.

La branche quitta à peine le sol et, une fois en l'air, le bras qui la tenait ne pu rester tendu trop longtemps. L'absence d'oxygène se fit ressentir encore pendant quelques secondes, augmentant les souffrances du pauvre homme. Et puis, soudain, bien plus rapidement qu'elle n'était apparue, la sphère disparut, permettant à Yusur d'avaler une goulée d'air frais. Quelques secondes de plus et le mage ne serait certainement plus de ce monde.

La sphère avait disparut, certes, mais le mage avait été propulsé à quelques centaines de mètres de là, dans une clairière illuminée par des dizaines de torches. A bien y réfléchir, elle pouvait être l'origine de la lumière qu'il avait pu apercevoir.

Un étrange spectacle s'étendait sous les yeux du mage, dont la tête tournait légèrement sous tout cet afflux d'oxygène. Un immense oiseau, ressemblant à s'y méprendre à un aigle géant semblait se battre contre... le vide. Non, à bien y regarder, il semblait se battre contre une ombre, une gigantesque ombre, deux fois plus grande que lui, au bas moi. Pourtant, l'animal avait déjà une belle envergure. Et, aussi incroyable que cela pouvait paraître, l'animal majestueux était visiblement en train de perdre cet étrange combat, haletant sous l'effort et victime de nombreuses petites blessures.

D'un seul coup, il tourna la tête vers le petit mage et, plongeant ses yeux dans les siens, lui ordonna mentalement :
- Aide-moi !
Puis, comme si rien ne venait de se passer, l'aigle géant retourna à son combat, se jetant corps et âme dans la mêlée.

Mais comment vaincre... une ombre?

Yusur jubilait : Il allait connaître le danger comme jamais il ne l'avait connu auparavant, du moins le pensait-il.
Les conflits d'envergures ou les combats héroïques ne l'avaient jamais vraiment intéressé, bien que les risques y soient accrus. Le mage reprochait à ces luttes un manque de réflexion, et une issue déterminée uniquement en fonction de la force physique brute. Le mage escamoteur, préférait les supercheries dangereuses à ces autres querelles.

Toutefois, cette journée des moins banales, avait en elle quelque chose de particulier, et ce combat contre un ennemi invisible, vraisemblablement imbattable, où seule la force n'en viendrait pas à bout, séduisait Yusur.

* Une lutte contre une ombre, voilà qui me paraît fort divertissant, et fort périlleux. Cela me plaît. *

Le mage alléché par cette situation d'ordinaire embarrassante, s'approcha alors des deux antagonistes, et leur tint à peu près ce langage :

" _ Hé ! bonjour, sublime silhouette.
Je suis certain que sans ce rideau blanc
vous me sembleriez bien fringant.
Sans mentir, si votre splendeur
se rapporte à votre ampleur,
vous êtes l'ombre des hôtes de ces bois, pouffa alors Yusur.
Ou bien n'êtes-vous rien d'autre que l'ombre de cet aigle apeuré par sa propre obscurité. " Le mage escamoteur était alors en pleine euphorie.

Il reprit un moment son souffle, et d'un oeil vif et amusé attendit la réponse de la mystérieuse ombre...

[HJ : On a le droit dans un rp de s'inspirer légèrement du corbeau et le renard de la Fontaine, non ? ^^ ]

Pendant de longues secondes, aucun des deux assaillants ne sembla remarquer l'intervention très poétique du mage. Engagés dans une lutte à mort, sans aucun répit, ils semblaient uniquement focalisés sur la lutte. Tellement focalisés, par ailleurs, que l'intervention de l'aigle géant, ses mots lancés à Yusur, semblait tout droit sorti d'un rêve étonnant, d'un désir personnel de voir l'un des deux protagonistes adresser la parole au spectateur de cette lutte incongrue.

Et puis, pendant un battement de cil, le temps parût arrêter son cours et les deux lutteurs se retrouvèrent figés pendant un battement de coeur semblait durer une éternité. Et tout repris son cours normal, sauf que... l'ombre avait disparut. L'aigle resta un moment indécis, et réagit une seconde trop tard. En effet, devant Yusur, l'air semblait miroité et, aussi silencieuse que la mort, l'ombre s'approcha doucement, mais inexorablement, du mage. On aurait dit qu'elle prenait un malin et pervers plaisir à ne pas se hâter, comme si l'issue était de toute façon déjà écrite, comme si Yusur n'avait plus aucun échappatoire.

S'avançant avec une lenteur presque exagérée, se fondant parfaitement dans la nuit noire, l'ombre ne se soucia pas un seul instant des blessures, vaines et indolores, que l'aigle lui infligeait. Une étrange lueur sembla briller dans ce qui aurait pu passer pour être ses prunelles, un rictus mauvais plaqué que ce qui aurait pu être une bouche.

Avec une assurance écoeurante, la Mort s'était mis en branle... et rien ne semblait pouvoir l'arrêter.

[Désolée Yusur, j'ai un peu de mal ce soir :s]

Yusur observait alors l'étrange ombre s'avancer vers lui. Il peinait à repérer avec précision ses mouvements car elle était trop peu consistante et trop peu voyante pour ses yeux pourtant vifs d'escamoteur.

Il réfléchit alors un instant :

* Bien ! La situation devient de plus en plus passionnante ! Je me demande si par hasard.... *

Tout à coup, alors que l'ombre avançait tout doucement, l'imprévisible mage s'approcha d'elle d'un pas prompte, rapide et déterminé. A cet instant, il prononça un sort et accompagné de quelques gestuelles facultatives, il transforma ses vêtements et modifia la coupe de ses cheveux, de sorte de ressembler à... Macros le noir !

* Petit, on me narrait avec ferveur la gloire de cet homme, espérons que ses exploits, ses vertus et sa force n'aies pas été exagérés ! Le mage gloussa : Lançons-nous dans un notre pari, nous verrons bien ! *

C'est alors qu'il rugit :

" _ Créature de pacotille ! Vous croyez m'impressionner avec votre fausse transparence, et votre semblant de puissance ! Ô folie ! Si il est en vous un maigre espoir de demeurer, abandonnez céans et regagner votre foyer ! Craignez ma colère ! Car Macros le noir, sorcier d'un pouvoir, que nul ne serait défaire, est venue, a vue, et bientôt vaincra si votre esprit n'est pas vif ! Un conseil : Adoptez la raison, et vous n’en sortirez pas déshonoré ! "

Avertissement accompli, l'éternel voleur, scruta la silhouette d'un oeil toujours aussi aguerri en y ajoutant cette fois un courroux feint.

Si l'ombre tint compte des paroles de Yusur, elle n'en montra aucun signe. A peine si un frémissement l'avait parcourut, faisant ralentir son allure pendant quelques secondes éphémères, lorsque le mage s'était mis à lui parler. Elle ne devait certainement pas s'attendre à ce qu'un gringalet comme lui s'interpose et la provoque avec tant de folie et de bravoure. Mais l'instant de flottement ne dura pas. L'ombre avait beau avoir ralenti pendant un temps très court, elle reprenait déjà son allure folle.

Dans quelques secondes, elle serait sur le mage, et sans nul doute qu'elle lui ferait subir un lent et douloureux trépas. Un sourire démoniaque semblait s'être dessiné sur ce qui pouvait passé pour une bouche, grotesque et difforme. Une lueur toujours aussi mauvaise dans les yeux, elle tendit deux longues langues de nuit devant elle, ce qui devait être pour elle des bras. Oui, plus que quelques secondes avant que le frêle humain ne soit à porté de ses griffes invisibles.

C'était sans compter la témérité de l'aigle géant. Comprenant que sa diversion ne servait à rien, et que l'homme n'était pas plus décidé que cela à fuir devant la créature de cauchemar, il décida de jouer le tout pour le tout. Battant avec force de ses grandes ailes, il s'envola de quelques mètres, frôlant la voûte des arbres. Puis, sans cesser de battre des ailes avec une force impressionnante - les feuilles des arbres frémissaient sous ce vent inattendu, et la force de ce déplacement d'air faisait vaciller Yusur - il vint se poser tout près du mage. Dans un cri à vous glacer les sangs, il fit signe à Yusur de grimper sur son dos. Tout près d'eux, l'ombre continuait à approcher, son horrible sourire grimaçant toujours plaqué sur ses lèvres.

Le choix appartenait désormais à l'humain. Choisirait-il de fuir et de vivre ou d'affronter cette créature de cauchemar... Au péril de sa vie?

» Petite poursuite