Malgoren, cavalier des steppes...

Le Soleil montait doucement au dessus du Vercors, dessinant de fines ombres au sol en rejoignant les hautes tours du château de Crydee. Dans la ville portuaire, située plus à l'ouest, le monde s'éveillait une nouvelle fois, un nouveau jour tranquille dans ce port de la Mer Sans Fin. Les pécheurs rejoignaient leur point de mouillage, les meuniers étalaient leur pain et les aubergistes ouvraient leur porte, sifflant gaiement un air entendu à la parade un mois plus tôt. Une paire de garde traversait l'allée principale de la ville, se dirigeant vers les lourdes portes donnant sur l'extérieur pour les ouvrir comme à accoutumée, le Soleil frappant leur tabard par intermittence, faisant luire la mouette d'argent qui y volait.


Un étourneau pris la fuite en pestant quand les lourds battants de bois ferrés s'écartèrent, libérant un chemin de sable battu par le frais vent d'ouest. Une silhouette montée apparu, enroulée dans un léger manteau de laine visant à le protéger des embruns. On pouvait voir dans son dos une lourde épée à deux mains et sous lui un jeune cheval à la robe couleur de glaise.


La silhouette s'avança dans la ville et fût bientôt éclairé de face par l'éclat du jeune Soleil. Un pas, on peut voir une partie de son armure en simple cuir de cerf, c'est peut-être un chasseur, malgré la grande épée battant ses reins. Deux pas, c'est un homme épais, non pas de graisse mais de musculature, bien que le maître chasseur du Duc lui soit bien nettement supérieur en ce domaine. Trois pas, le Soleil éclaire son visage, non comme un coup de marteau qu'on lui aurait donné mais comme la caresse d'un ami de longue date. On peut maintenant distinguer ses traits, un sourire avenant, des yeux rieurs ainsi qu'une mâchoire habitué aux bons repas, guère plus. On l'aurait dit plus enclin au fêtes et aux banquets qu'à la vie de guerre et de servitude des soldats du Royaume, pourtant quelque chose chez cet homme troublait. Peut-être était-ce la lourde épée tapant son flanc gauche à chaque pas du cheval, un moment on l'aurait dit entourée d'une aura sombre! peut-être encore son air trop jovial, ou bien le blason de son bouclier, qui n'aurait pas plu à certains, mais non! A y regarder de plus près, cet homme en était dépourvu! Et même! Pas que de blason, de bouclier aussi. Et son cheval était bien léger, pas un cheval de guerre, non, un cheval de laboure. Et son armure était propre mais usée et de faible protection, elle aurait tenu le coup contre un coup de dague, ou même d'épée, mais un coup de hache comme en portent ces étranges nains qui vivent dans les montagnes à l'ouest, ça ça l'aurait déchirée son armure, et le beau guerrier par la même! Mais il était sympathique à l'oeil, et aussi à l'oreille lorsqu'il s'approcha d'une auberge et commanda une bière de sa voix claironnante, bière qu'on lui tendit et qu'il but d'un trait.

Reposant sa pinte allégée, Malgoren se détend et observe les alentours. Des gens affairés se déplacent rapidement autour de lui, des gens du peuple, ils semblent flotter un parfum de joie, comme une brume éternelle autour de cette ville qui se resserre autour des arrivants pour mieux les convertir, dont le guerrier ressentait les capiteux effets, sans chercher à s'en extraire. Au loin la clameur du marché qui venait d'ouvrir, une odeur de poisson fumé planant au dessus des gens. L'air sentait bon l'iode, une brise douce soufflait depuis l'ouest, dernier vestige de la semi-tempête qui avait balayé la côté quelques lieues au nord durant la nuit, ne faisant aucun blessé. Il commanda un repas léger, une serveuse souriantes revient quelques minutes plus tard accompagnée d'un bol de ragoût fumant, laissant un délicieux fumet sur son passage, elle le posa sur le comptoir devant Malgoren avant d'ajouter une nouvelle pinte et de repartir avec un clin d'oeil.

Après avoir avalé son repas, il se mit en quête de fourrage à acheter pour son cheval puis s'assit à l'ombre d'une échoppe pour graisser son épée tandis que sa monture se restaurait à son tour. Profitant de la brise légère, il s'allongea contre le bâtiment et s'assoupi en toute confiance...