Repas chez Monseigneur

On frappa.
Lyro remit vivement ses gants et ouvrit la porte de sa chambre ; un domestique entra.
Il ne fit cependant que quelques pqs en avant puis s'inclina.
"Messire, dit-il, Monseigneur le duc vous attend, pour le repas ; il est sept heures"
Lyro regarda un moment l'homme de ses yeux noirs puis hocha la tete.
"Conduisez-moi"
fit-il d'une voix grave.
Le domestique fit demi-tour et prit la direction de la salle a manger d'un pas rapide. Il ne semblait pas rassure en presence de Lyro.

On travers une grande partie du chateau de Crydee, que Lyro trouva fort simple, pour un duc, mais avec un charme tout a fait militaire.
Lyro rencontra quelques dames dans les couloirs et il se demanda si elles faisaient partit de la famille.
On arriva.

L'huissier ouvrit la porte tandis que le domestique qui avait conduis Lyro s'enfuyait a toutes jambes.
"Messire Lyro, invite de Monseigneur"
annonca l'huissier.
Lyro entra.

La salle etait grande, fort simple comme le reste de l'habitation. Illuminee par trois grands chandeliers accroches au plafond, cela donnait a la salle une ambiance etrange. Lyro sourit, il aimait bien ce genre d'atmosphere.
Lyro s'avanca vers la table, et quelle fut sa surprise lorsqu'il apercu que le diner auquel le duc voulait qu'il assisste etait si confidentiel !

Un petit nombre de plats etait dispose sur une table de la largeur de deux bureau. Le duc de Crydee se trouvait assis a l'autre bout.
Lyro ne lui laissa pas le temps de parler.
"Monseigneur, qu'est-ce cela ? C'est trop d'honneur ! Diner seul avec vous, cela n'est pas pensable !"
Puis se rendant compte a qui il parlait :
"Oh ! Excusez mon emportement, Monseigneur, excusez...je vous souhaite le bonsoir, monseigneur"
Et il s'inclina, attendant que le duc le releve et l'invite a s'asseoir.

La fin de la journée avait été fort remplie et, sans aucun problème, le Duc de Crydee avait complètement chassé Lyro de ses pensées, comme si l'homme n'avait jamais fait interruption dans sa vie, bouleversant son quotidien routinier. Occupé à différentes tâches administratives requérant toute son attention, ce n'est que lorsqu'un domestique vint le prévenir que l'heure du dîner était proche que le Duc se remémora soudain ses obligations du soir. Laissant de côté son travail, il alla se préparer rapidement, passant de somptueux habits pour le repas de ce soir en compagnie de l'agent du Prince.

Puis, un fois préparé, il se rendit dans la salle qui accueillerait le repas et, prenant place autour de la table où s'alignait déjà des plats à l'odeur et à l'apparence fort appétissantes, il attendit. Fort heureusement, l'attente ne fut pas trop longue et, bien vite, l'homme pénétra dans ses quartiers. Le repas allait pouvoir commencer. Le Duc pria silencieusement pour qu'il se déroule rapidement.

D'un geste de la main, il invita Lyro à prendre place en face de lui et, avec une grimace de surprise, écouta l'homme prendre la parole en premier. Lyro se rattrapa bien vite, mais le mal était fait. Pourtant, désireux de ne pas dîner dans une ambiance tendue et pas vraiment plaisante, le Duc ne releva pas et, d'un ton affable, pressa Lyro de prendre place :
"Merci de m'avoir rejoint avec autant de ponctualité, Messire. Je vous en prie, prenez place, que nous puissions faire honneur au repas avant que celui-ci ne refroidisse !"

Puis, dès que son invité fut assis, le Duc commença à se servir, se servant copieusement dans les plats posés près de lui, remplissant à intervalle régulier sa coup d'un vin d'un rouge éclatant. Le début du repas se fit dans le silence, seul le cliquetis des couverts planant au dessus de la table. Et puis, au bout de quelques minutes, le Duc demanda, visiblement curieux !
"Dîtes moi, Messire, une telle mission ne vous dérange pas outre mesure? Ou alors vous êtes habitué à ce genre d'escapades dangereuses?"

Lyro faillit recracher ce qu'il avait dans la bouche !
Il ne s'attendait absolument pas a ce que le Duc lui adresse la parole durant le diner, et surtout il ne le voulait pas, vu comme c'etait deja passe leur premiere entrevue.

Il avala tant bien que mal puis releva ses yeux vers le Duc.
"Monseigneur, dit-il sur le ton de la conversation, comme si la question posee etait naturelle. Ce genre de mission ne m'est pas disons habituelle"
Puis, voyant l'interet grandir dans les yeux du Duc, il continua.
"Mais cependant, celle-ci me gene, en effet, car j'avais des choses tres importantes a faire, a Krondor...mais ce sont des affaires qui, certainement, n'interresseront pas Monseigneur...a moins que vous vouliez que je vous raconte, Monseigneur"
Lyro laissa planer ses paroles dans l'air, ce qui rendait ses paroles encore plus lourdes de sous-entendus.
Bien que le sergent est fait cette proposition au Duc, il n'en etait pas moins qu'il esperait que celui-ci ne lui demanda point des details ; c'etait ses affaires personnelles, apres tout, et devoilez cela devant un duc, et prince de sang qui plus est...impossible.
Lyro reprit sa fourchette et se servit de vin.

Les plats etaient on ne peux plus excellents - du point de vue de Lyro, qui etait soldat-, et le vin, parfume a souhait.
Cependant, le Duc de Crydee n'avait pas quitter Lyro des yeux depuis que ce dernier avait repondu a la question, pertinente, du Duc.

Le Duc de Crydee dissimula un petit sourire à la réaction de l'homme. Apparemment, celui-ci ne s'attendait pas le moins du monde à ce qu'il lui adresse la parole pendant le repas et, somme toute, c'était plutôt logique : ce repas n'était qu'un repas de circonstance, et non une partie de plaisir pour le Duc. D'ailleurs, il s'était surpris lui-même à adresse la parole à l'homme du Prince. Ainsi, si la réaction du soldat ne l'étonnait qu'à moitié, elle l'amusait quand même.

Il écouta sans grande attention la réponse de Lyro, après tout, ce n'était qu'une question de pure politesse, afin de ne pas laisser un silence trop lourd planer au dessus de la table. Néanmoins, lorsque l'homme lui annonça que ce genre de mission ne lui était pas familière, l'attention du Duc s'accrut : *Voilà une chose bien curieuse*, pensa-t-il. Le Prince envoyait-il à la mort de braves soldats? Ou alors, Lyro bluffait-il? Les paroles qu'il ajouta par la suite finirent de plonger le Duc dans la perplexité : dire ouvertement que cette mission ne lui plaisait pas et qu'il avait mieux à faire à Krondor... Cet homme était bien étrange, et pas très à cheval sur les convenances ! Seule une confiance en soi extrême ne pouvait permettre de telles réflexions.

Le Duc abandonna donc le sujet, de crainte de devoir par la suite rapporter les paroles de l'homme à son souverain : bien que n'appréciait pas outre mesure Lyro, le Duc n'était pas du genre à créer des ennuis juste pour le plaisir. Et puis... Lyro était un agent du prince : le mettre dans une situation compromettante n'était certainement pas une bonne chose à faire.

La conversation s'arrêta là et le Duc se resservit copieusement à manger, perdu dans ses pensées, et oubliant totalement son invité. Lorsque vint le dessert, le Duc de Crydee se risqua à poser une autre question, peut-être plus osée celle là :
"Dites moi Messire, qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager dans l'armée? Vous me semblez être un homme plein de ressources et qui n'a pas froid aux yeux. Je ne veux pas remettre en cause votre choix, mais une vie de soldat me semble bien peu adapté à votre caractère."
Etait-il allé trop loin? Il décida que non : après tout, agent du prince ou non, cet homme n'était qu'un membre de l'armée, un sergent. Lui était Duc, et de la famille de James. Bien qu'impertinente, sa question était innocente, de la pure curiosité.

Lyro se mordit la levre pour ne pas crier : "Non mais tu ne vas pas me lacher, ou quoi ? Ferme ta geule !"
Il se retint comme il put et posa avec une lenteur exagere, sa fourchette. Et un verre a demi plein de vin entre les doigts, il se tourna lentement vers le duc de Crydee.
"Monseigneur, dit-il d'une voix contenue, ma vie et mes choix ne vous interessent pas ! Veuillez donc changer de sujet : ces chose la ne sont pas pour les ducs !"
Le sergent ne s'inquietait pas vraiment a qui il parlait. Oh ! bien sur, si ce n'etait pas un noble, il l'aurait deja embroche. Mais si le duc continuait sur cette pente dangereuse, il n'y echapperait pas non plus !

Lyro reprit du vin alors qu'on apportait les digestifs : cognac, armaniac, et autres eaux de vie ; le valet servit les deux hommes.
Un long silence suivit la replique de Lyro car, bizzarement, le duc n'avait pas releve. Et cela ne genait pas outre mesure Lyro, qui attendait avec impatience la fin du repas ; enfin, elle arriva.

Sans attendre l'accord du duc, Lyro se leva... mais le bras du duc de Crydee le retint fermement. Le sergent se retourna vivement, la main pete a gifler, mais son regard de feu s'eteint en voyant le duc devant lui.

Le Duc de Crydee fut stupéfait de l'audace de ce soldat. Cet homme possédait un caractère qui l'étonnait de plus en plus : il avait déjà eu à faire avec des hommes d'une telle trempe, mais bien souvent ils étaient de haute naissance et, si parfois leurs audaces dépassaient les limites de la bienséance, elles étaient toujours tolérées par égard à leur position sociale. Néanmoins, ce soldat n'était rien aux yeux du Duc, un simple homme d'arme, investit d'une mission princière et certainement dépositaire de la confiance de James, mais par rapport au Duc de Crydee, il n'était qu'un simple homme du peuple. Et cela étonnait d'autant plus le Duc que ce Lyro ne semblait nullement mal à l'aise à la suite de sa réaction. Non, étonnamment il avait l'air... confiance, sur de lui. Une fois de plus, le Duc ne put s'empêcher de trouver cet homme dangereux. Un adversaire redoutable, que rien ne faisait peur. C'est pourquoi il ne releva pas ce manquement à l'étiquette flagrant, ce manque de politesse peu supportable. Il laissa passer l'incident, et la fin du repas se passa dans le silence.

Occupé à siroter son digestif, le duc n'en surveillait pas moins le soldat du coin de l'oeil, prêt à réagir au moindre mouvement, suspect ou non, que ferait l'homme envoyé par le Prince de Krondor. C'est pourquoi, lorsque Lyro se leva pour partir, sans même demander la plus petite permission à son hôte - encore un manquement grave à l'étiquette - le Duc fut prompt à réagir et avant que Lyro ne soit complètement debout, il lui enserra le bras de sa poigne ferme.

Vous nous quittez déjà? fut les mots que faillit prononcer le Duc. Néanmoins, in extremis, il se retient. Cette provocation gratuite, il l'avait sentit au dernier mot, risquait de lui coûter la vie. Il était inutile de jouer avec un tel homme, qui ne se souciait apparemment ni de vivre, ni de mourir. Or, le Duc n'était pas comme ça : il n'avait pas envie de quitter ce monde la gorge tranchée par un simple soldat qui ne savait pas rester à sa place lorsque les circonstances l'exigeait.

Avec un sourire feint, et à contre coeur, le Duc lui demanda alors, du miel dans la voix :
"J'espère que vous avez bien mangé."

Relâchant légèrement son emprise sur l'homme - et sachant pertinemment que si l'autre avait voulut se dégager, il l'aurait fait depuis belle lurette, le Duc n'étant pas vraiment reconnut pour sa force - le noble continua, toujours de cette voix doucereuse qui le dégoûtait :
"J'espère que la chambre mise à votre disposition vous procurera un sommeil réparateur et qu'elle ne vous retardera pas dans votre mission."
Dit autrement : j'espère que vous aurez la gentillesse de débarrasser le plancher le plus rapidement possible. Mais ce n'était pas le genre de propos que l'on s'attendait à entendre dans la bouche d'un noble du Royaume.

Lâchant le bras de Lyro, le Duc lui fit un petit signe de tête signifiant qu'il pouvait dès à présent se retirer. En son for intérieur, le noble souhaita de ne jamais revoir cet homme dangereux et sans pitié. Mais depuis quand ses souhaits étaient-ils exaucés?

Lyro eu un sourire méprisant à l'adresse du duc.
Il ne répondit même pas à ses deux remarques qui, il le savait bien, n'étaient que de pure politesse.
Il recula de trois pas afin de s'éloigner rapidement du duc, puis tourna rapidement les talons. Bien qu'il eu envie de sortir d'ici le plus vite possible, le sergent se dirigea d'un pas léger et non précipité jusqu'à la porte. Arrivé à la hauteur de cette dernière, il fit une courte révérence au duc en se tournant à moitié ; il sortit.
Deux soldats du châteaux l'attendaient dehors.
"Conduisez-moi à ma chambre" leur dit-il d'un ton désinvolte. Il n'était pas vraiment d'humeur.
Alors, il repassa rapidement le dîner dans sa tête et eu un mauvais sourire. Il se rendait compte qu'il l'avait vraiment mené par le bout du nez, ce duc ; il rit intérieurement.

Enfin, il atteignit ses quartires. Il entra dans sa chambre d'un pas vif, laissant en plan les deux soldats dans le couloir. Puis, il la ferma à double tour.

[Tu réponds à ce sujet ou pas Ryana ? ou bien je peux tout de suite partir]