Un étranger s'annonce ...

Aodh, dont la bonne nuit à l'Auberge, puis son aventure avec Katy, la serveuse, dans la journée, l'avaient revigoré.
Il devait agir de nuit pour la mission qu'il lui fallait accomplir.
Il avait entendu dire que son père, Gorath, avait passé du temps avec les sire James et Locklear de la cour de Krondor. Mais il ne pouvait rentrer dans le palais sans être aussitôt abattu par des vétérans qui montaient la garde.
En effet, les vieilles rancoeur contre les Moredhels étaient difficiles à oublier, malgrès ce que Gorath avait fait pour le Royaume.
Il savait précisement ou il devait aller. Les Moqueurs étaient célèbres dans tous le Royaume, mais également au dela, jusqu'aux Terres du Nord. On lui avait appris qu'ils se cachaient chez " maman ", et que c'est dans les égouts qu'il fallait les trouver.
Aodh pataugeait en effet dans une eau sale et boueuse, marchant de temps à autres sur un rat endormi. Il était toujours encapuchonné, et avançait sans torche, son regard d'elfe perçant l'obscurité.
Lorsqu'il aperçut une lueur dans les égouts, Aodh s'arrêta. Deux hommes venaient vers lui. Il était tapi dans l'ombre, si bien que les humains ne le virent pas. Mais Aodh vit très bien l'épée à la taille du premier des gros bras, la masse à la taille de l'autre, et également leur poignard caché dans leur botte. Sans faire aucun bruit, avec une rapidité et une fluidité surhumaine, Aodh s'accrocha à un tuyaux en hauteur, se mit en position et commenca à avancer. Il s'écorcha la jambe sur un bout de métal pointu encastré dans le tuyau, mais ne poussa aucun bruit.
Les deux humains étaient arrêtés juste en dessous de lui. Il ne s'était pas interessé jusqu'alors à leur conversation, mais il commença à écouter.

- " Et bien, Rod, nous sommes encore aux corvées... On doit cela à quoi cette fois-ci ? " demanda le premier humain.
Le dénommé Rod répondit : " J'ai caché un cambriolage au maître de nuit. Tu sais très bien comment il est ... "
" Et comment ! Tu sais ce que l'on dit ? On raconte qu'il veut prendre la place du Juste. Il vise haut aparemment. "
" John, arrête de te faire des idées. Si Reese réussit à prendre le pouvoir des Moqueurs, alors moi je suis un Moredhel. "

C'est à ce moment précis qu'une goutte de sang venant de la jambe d'Aodh tomba pile poil sur la main du dénommé John.
John leva alors la tête, et se pris aussitôt un coup de pied phénoménal dans le coup, et il plongea tête la première dans l'eau sale et malodorante des égoutes. Rod se recula, dégaina son épée et se mit en garde contre Aodh, qui était maintenant pied à terre. Aodh prit un baton de son dos, un baton que lui avait donné le plus ancien des Ardaniens, Goujas.
C'est à ce moment que John sorti de l'eau, masse brandit, et se précipita vers Aodh sans que celui-ci, trop concentré sur Rod, ne le vit. Il se prit un violent coup dans l'épaule, qui le fit atterir deux mètres plus loin.
Aodh se releva, se concentra et se mit en position. A un contre deux, cela n'allait pas être facile. Aodh avait jusque la les yeux fermés par la concentration.
Rod et John chargèrent. Aodh ouvrit brusquement les yeux, et son regard n'avait plus rien du regard qu'il avait quelques minutes auparavant.

Aodh avait changé. Il n'avait plus son regard perçant, curieux. C'était un regard Noir.
Aodh avait cette particularité depuis tout petit, quand on le poussait à bout. Il était né de l'union de deux êtres uniques en leur genre, douées pour beaucoup de choses : Gorath était un leader né, un guerrier fantastique, d'une intelligence supérieure à la plupart des Moredhels, et qui aimait son peuple. Cullich, sa mère, avait des pouvoirs magiques, elle ne pouvait certes pas rivaliser avec les grands tisseurs de sort, tels Narab ou Nago, mais elle possèdait un talent indéniable.
Aodh avait apparemment hérité de tous les talents de son père, mais il avait aussi hérité du Cullich un pouvoir que lui même ne comprenait pas. Il savait juste que dans ces moments la, son coeur battait deux fois moins vite que d'habitude, et qu'il n'avait plus aucune peur en lui. Aodh savait qu'en ces moments là il était le Moredhel le plus dangereux de son époque, car sans peur, il prenait tous les risques sans se soucier des conséquences, et frappait trois fois plus fort tout en se déplaçant deux fois plus rapidement.
John arrivait par la gauche, et Rod était en face de lui. Rod fut le plus rapide, il arriva en premier et tenta de donner un coup d'estoc. Aodh contra l'épée grâce à son bâton, tourna sur lui même et autour de Rod, lui donna un violent coup à l'arrière du crâne, puis lui tapa derrière les genoux. Rod s'agenouilla, sonné par le choc, et les jambes souffrantes. Aodh lui prit son épée, qu'il avait laché lors du deuxieme coup, et la mit à sa gorge. John ne savait plus quoi faire, son compagnon sur le point de mourrir. Il lança son poignard vers Aodh, celui-ci l'esquiva aisément car le tir n'était pas très précis. Il prit alors la parole :

" Je ne vous veux aucun mal. Je demande à voir le Juste, votre chef. "
Rod, toujours sonné, ne comprit pas très bien, mais John avait bien compris mais ne savait pas quoi faire.
Aodh continua alors, en disant une phrase qu'un jeune garçon avait dite à un homme plus âgé, peu de temps après son arrivée. Il ne savait pas ce que cela voulait dire, mais il prit le risque : " Il va y avoir une fête chez maman ... "
John et Rod, qui avait repris ses esprits péniblement, répondirent d'une même voix : " Et on va bien s'amuser. "
Aodh lâcha Rod, puis dit aux deux voleurs ou il logeait.
Il repartit alors vers l'auberge.