La reine Francine réprima une furieuse envie de hurler son énervement... mais en même temps, tout cela amusait fortement le jeune fille qu'elle était encore. Tout dérapait, elle n'avait plus le contrôle de rien : comment allaient réagir les nobles ensuite? Qu'iraient-ils dire ensuite à son mari? Francine n'avait qu'une envie : abréger la séance et aller se reposer, au calme, seule, loin de tous ses regards.
Tournant rapidement la tête vers ses conseillers... *Non, les conseillers de mon mari, qui ne me voient que comme une enfant... le suis-je vraiment?* elle chercha du regard un appui, un soutien. Mais tout ce qu'elle vit l'ébranla encore plus : eux aussi avaient l'air aussi perdu qu'elle mais au moins, eux, ils l'affichaient ouvertement.
*Je dois me montrer digne de mon rang, je dois trouver une solution pour que tout cela tourne à mon avantage.* ne faisait-elle que se répéter, alors que les compagnons du "demi-elfe" se présentaient tour à tour.
Lorsque le magicien s'avança, elle réprima avec force un sourire : au moins, elle aurait eu l'opportunité de connaître son nom... Et en plus, ce mage était mage à la cour de Krondor. Bon, peut-être que les choses n'étaient pas si désespérées que cela.
Il était temps qu'elle réponde, elle ne voulait pas que les nobles présents voient une faiblesse dans son silence. Alors, inspirant doucement, elle se lança, espérant qu'elle ne commettait pas une erreur de jugement.
"Et bien, cher émissaire elfe, je ne savais pas que vous connaissiez ce noble guerrier : vous auriez du le dire tout de suite, ça nous aurait épargné cette... fâcheuse situation. Quand à vous magicien... Etes-vous venu de Krondor pour venir me prêter allégeance et rompre celle qui vous tient à notre prince? A moins que vous ne soyez venu tout simplement pour m'énoncer des évidences...?"
Le sourire qu'adressa Francine aux trois compagnons se voulait désarmant, charmeur, amical... afin de démentir les sarcasmes dans sa voix. Fort heureusement, bon nombre de nobles durent le prendre ainsi car certains esquissèrent des sourires, et des petits rires gênés furent étouffés ici et là.
"Merci d'être venu porter secours à votre ami, même si je doute qu'il en avait besoin. Comme dit il y a quelques minutes, cette affaire est réglée vu que j'invite Messire Belactan a rester quelques jours chez nous. En aurais-je fait de même si j'avais trouvé ses paroles si impertinentes que cela? A vrai dire, un peu de sincérité dans ce monde est telle une bouffée de fraîcheur. Je ne pouvais pas lui en blâmer plus que nécessaire." ajouta-t-elle tout bas, pour que seul les trois personnes devant elle l'entendent.
"Mais relevez-vous donc, cher Belactan ! Cela ne sert à rien de rester agenouillé devant une amie. Symon !" appela-t-elle après un petit temps, prenant tout le monde au dépourvu.
Un page arriva en trottinant et vint se placer à côté du trône.
"Symon, s'il te plaît, daigne accompagner Messire Belactan à ses appartements." lui demanda-t-elle, sans même essayer d'étouffer sa voix, congédiant ainsi les trois compagnons devant elle.
Et tout de suite après, le héraut annonça quelqu'un d'autre.
*Et c'est reparti...*