Rencontre innatendue

Lyro marchait lentement parmit les nombreux étals de la ville. Il cherchait un cheval.

Il s'était levé tôt ce matin, afin d'éviter toute entrevue avec le maître du château, le duc. Les gardes en faction n'avait osé dire mots en raison de son rang d'envoyé de Sa Majesté le Prince, mais on voyait clairement à leur expression qu'ils étaient surpris ; de quoi ? Lyro s'en moquait bien.

Il s'arrêta enfin devant une petite échoppe qui ressemblait à celle d'un armurier.
"Y a quelqu'un qui vend des chevaux par ici ?" demanda-t-il à l'homme qui se trouvait là, le secouant de par sa voix d'outre tombe.
"Ou...oui, m'sieur. J'en vend"balbutia le pauvre marchand.
"Combien ?"
"Euh... douze souverains"

Ouf ! La somme était conséquente, sans pourtant être excessive. Lyro, qui voulait à tout prix quitter cette cité, donna le montant demandé au vendeur. Celui-ci allait les empocher lorsqu'une voix se fit entendre.
"J'en voudrait un aussi"

La voix appartenait à Lierd. En le voyant, le pauvre marchand blêmit davantage. Il faut dire que le général n’avait pas l’air plus engageant que ne l’était Lyro. Sûr que le malheureux devait penser que sa dernière heure était venue! Le militaire s’approcha un peu plus et d’un mouvement de tête, désigna l’extérieur.

« Mon cheval s’est foulé l’antérieur gauche. Il m’en faut un autre de toute urgence! »

Puis il dévisagea rapidement l’autre client. À priori, rien qu’un misérable civil…

« Dépêche-toi, je suis pressé! »

Le marchand acquiesça peu rassuré. Il héla son apprenti et lui donna des directives pour préparer la monture de Lierd puis il revint vers ses clients et murmura d’une voix mal assurée.

« Ça fera douze souverains, monseigneur! »

Lierd resta un moment sans rien dire, fixant simplement l’homme en face de lui.

« Pas question! » finit-il néanmoins par dire. « Tu n’as qu ‘à garder mon cheval actuel en échange. »

Instinctivement, il coula un regard vers Lyro. Quelque chose chez lui l’attirait sans qu’il puisse savoir quoi.

Lyro haussa le sourcil. Quelque chose dans la voix du nouveau venu l'intriguait. Il lui jeta un regard rapide, sans pour autant perdre un seul détail. Il faillit sursauter en se retournant à moitié.
Il faillit lâcher : "Général Lierd", mais se retient. Sûrement, l'homme ne l'avait jamais vu ; il attendit alors que le marchand lui apporte son cheval tout en se demandant ce que l'un des meilleurs générals de l'Ouest pouvait bien faire à Crydee, et apparemment sans escorte.
Derrière le général, le sergent put apercevoir un étalon noir, une puissante monture de guerre. Lyro haussa l'autre sourcil, impressionné.

Le marchand de chevaux les fixait un à un, effrayé. L'apprenti revint rapidement en disant que tout était près. Le marchand aquiesça lentement ; ils se dirigèrent tout deux vers l'arrière du bâtiment.

Lyro, en présence du général, commençait à se sentir mal à l'aise, sans qu'il en sache la raison. Nerveux, il froissa légèrement la missive du prince pour la reine et le prince d'Elvandar.
A un moment, il capta le regard du jeune guerrier, et plongea ses yeux dans les siens. Il le soutint un moment. Lyro sentait l'air se tendre et des éclairs passèrent entre eux. Les yeux du sergent se baissèrent instinctivement mais il se força à les relever. La colère passa rapidement dans les yeux du général avant que le calme ne l'envahisse à nouveau. Lyro frissonna sans raison.

Le marchand arriva alors, tenant deux montures par la bride. Fixant ses clients d'un oeil étonné, il dit :
"Messieurs,... vos montures"
Sa voix tremblait.

Tandis que Lierd suivait le marchand, il ne put s’empêcher de jeter à nouveau un coup d’œil à l’autre client. Leurs regards se croisèrent l’espace d’un instant. Sans savoir pourquoi, l’air autour d’eux sembla s’épaissir jusqu’à en devenir oppressant. Tout semblait indiquer une crise majeure… Finalement, l’inconnu baissa les yeux et le général reporta son attention sur le choix de sa nouvelle monture. Il jeta son dévolu sur un pur-sang de couleur noisette. D’un geste sûr, il en saisit les rênes.

« Je prends celui-ci! » commença-t-il à l’adresse de Lyro. « A vous l’autre. »
Bien qu’il soit sur le point de reprendre sa route, Lierd ne pouvait s’empêcher de ressentir encore et toujours cet étrange malaise qui l’avait saisi dès son entrée dans la boutique. Une dernière fois, il coula un regard soupçonneux vers Lyro. Après tout, avec les temps troubles qui s’annonçaient, mieux valait être prudent…

« Où est-ce que vous vous rendez comme ça? »

Puis comprenant que sa question pouvait passer pour trop cavalière, il enchaîna:

« Nous pourrions peut-être faire une partie de la route ensemble, non? »

Lyro haussa un sourcil, seul marque de sa surprise. En fait, il attendait que le général prenne la parole en premier : Lyro n'était pas très fort pour engager la conversation.
"Je me rends en Elvandar" dit-il sur le ton de la conversation ; il prit sa monture nouvellement aquise et entreprit de la seller.

Lyro observa dans son ensemble cette jeune jument qui était la siene désormais.
**J'ai horreur du blanc** fit-il en regardant l'éclatante robe de la bête.:
Puis il reporta son attention sur Lierd. Pourquoi voulait-il l'accompagner ? Lyro eu un regard soupconneux. Oh et puis grand bien lui fasse.
"Ce serait avec plaisir que je voyagerais en votre compagnie, monsieur... Comment vous appelez-vous, en fait ?Le regard du sergent transperça son interlocuteur mais Lyro sentit l'air se tendre à nouveau. Un léger malaise le prit, chose qui ne lui était jamais arrivée. La colère commença à l'envahir, il n'était pas homme à s'incliner.
**Qu'il m'acompagne, et nous verrons... général ou pas**

Sa monture étrillée et sellée, Lyro monta souplement en selle. L'homme se trouvait à ses côtés et il eut fallut peu pour que Lyro cria : "Quoi ? Qu'est-ce que tu me veux ?" Cependant il se retint. Decidément, cet homme avait le don pour l'énerver sans rien faire. Le sergent serra les dents.

Tandis qu’il enfourchait sa nouvelle monture, Lierd observa Lyro dans l’attente de se réponse. Il nota avec intérêt la destination de l’homme. Seulement, la suite lui plut beaucoup moins. Lui qui était habitué à commander, il n’appréciait pas trop que la situation soit inversée. Pour preuve, ses mains se crispèrent sur les rênes jusqu’à en faire blanchir les articulations. Il toisa son nouveau compagnon de voyage.

« Quand on demande l’identité d’une personne, on a la délicatesse de se présenter avant, il me semble? »

Il marqua une seconde de silence avant de reprendre.

« Pour ma part, je me rends dans le nord. »

Réponse suffisament vague pour ne pas éveiller les questions. Il tira sur les rênes pour mettre en marche sa monture. A peine eut-il fait deux mètres que le duo fut rejoint par deux autres cavaliers qui les encadrèrent. Ne voulant pas alarmer outre mesure l’homme qui ne s’était pas encore présenté, le militaire dut se résoudre à décliner sin identité.

« Je suis le général Lierd. Tache de t’en souvenir car je ne le répèterai pas! »

Lyro sourit. Il remarqua à leur attitude que les deux nouveau venus étaient des lanciers royaux krondoriens, habillés en civil.
"Je m'en étais douté, merci bien" répondit-il avec un sourire sardonique.
Il laissa tout de même tomber son nom.
"Je me nomme Lyro, messire"
Il accentua ce dernier mot en montrant bien qu'il se moquait du général. Il avait aussi omis son grade militaire afin de ne pas devoir obéir à son nouveau compagnon.

Un silence pesant suivit. Lyro engagea la conversation de nouveau, alors qu'ils quittaient tout deux le marché, encadrés de leur "escorte".
"Puisque vous vous rendez dans le Nord, je pense que rien ne vous empêche de m'accompagner,... vous et vos hommes"
Alors qu'il finissait sa phrase, son cheval fit un écart. Devant lui, deux hommes étaient tombés et lui coupaient la route. L'un deux se relevait visiblement mal en point et Lyro le renvoya à terre d'un furieux coup de botte.
"Ôte-toi de là, vermine" cracha-t-il
Puis il rattrapa son compagnon. Il tourna vers lui, de nouveau, son regard.
"Si je puis me permettre, pourquoi vous rendez-vous dans le nord, monsieur le général ?"Un regard coula vers les deux gardes, silencieux. Ils se tenaient toujours de marbre.

Lierd ne releva pas l’ironie de son compagnon mais le pli amer que pris sa bouche indiquait qu’il n’appréciait pas outre mesure l’outrecuidance dont il faisait preuve. Il nota au passage le nom qu’il donna, se promettant de s’en souvenir à l’avenir. Tout à coup, il vit la monture de Lyro faire un écart tandis que deux pauvres hères déboulaient sous les sabots des chevaux. Sans s’occuper des deux énergumènes, Lierd continua tranquillement son chemin.

La question suivante de Lyro le ramena sur terre. Lentement, il tourna la tête vers son acolyte. Les yeux plissés et emplis de suspicion. L’aurait-il mal jugé? Toutes ces interrogations sur le but de son voyage devenaient de plus en plus suspectes. Le général lança discrètement un rapide regard à son escorte et celle-ci se rapprocha de Lyro tandis que Lierd se décidait à lui répondre.

« Je t’ai déjà dit que je me répéterai pas!…Et toi, que vas-tu donc faire en Elvandar? »

S’il voulait jouer au chat et à la souris et bien, soit, il était prêt à se plier au jeu. On verra bien qui sera le plus malin des deux!

Lyro aperçu du coin de l'oeil que les deux gardes se rapprochaiet. Ils l'encadraient désormais par l'arrière. Mais le sergent ne s'en formalisa pas.
Il hocha la tête à la question du général comme si c'était cela qu'il voulit entendre. Alrs il lâcha d'un ton sec et hautain :
"Tout d'abord, vous m'avez dit votre nom et votre destination, tout comme moi, mais aucunement la raison. Je réitère donc ma question : pourquoi allez-vous dans le Nord, mon cher général"
Il eu un sourire moqueur.
"De plus, je n'ai pas l'autorisation de répondre à votre question"
Il avait faillit dire : j'en suis navré, mais c'aurait été mentir, et, malgré tout ses défauts et ses étranges manières, Lyro n'aimait pas mentir.
Il tripota la lettre un moment dans sa poche, un peu neveux. Pourtant, il n'y avait ucune raison.

Les deux hommes atteignaient maintenant les portes de la ville. Le général ne semblait pas vouloir répondre à la question de Lyro. Celui-ci ne dit rien. Lyro, cependant, examinait avec attention les deux gards .
**Il y aura bien des moredhels pour s'en occuper** se dit-il.
Il caressa la poignée de son épée : si les moredhels ne venait pas, il serait ravi de jouer au Frère des Ténèbres.
Il eu un sourire sombre et cruel.

Décidément, les manières de son compagnon de voyage dérangeaient de plus en plus Lierd. C’était à se demander qui était général et qui était simple civil… Agacé, le militaire tira brutalement sur les rênes de sa monture. Celle-ci hennit de douleur. Aussitôt en alerte par le comportement de leur supérieur, les deux soldats portèrent la main à leur arme, prêts à entrer en action sur l’ordre du général ou au moindre geste suspect.

« Faites comme bon vous semble mais si vous ne répondez pas à ma question, rien ne m’oblige à répondre à la votre! »

Rétorqua sèchement Lierd. Il avait les lèvres pincées par une colère contenue et ses yeux lançaient des éclairs de rage. Non. Il n’aimait vraiment pas l’attitude de cet homme. Cette provocation, cette désinvolture… Tout cela ne pouvait qu’amener des problèmes. Rester à savoir si ce malotru était un espion ou pas.

« Bien…Une dernière chose avant de quitter la ville. Soit vous oubliez le pourquoi du comment de ma présence ici et nous voyageons tranquillement (et il insista sur le mot) ensemble; soit vous persistez dans votre entêtement et alors, je prendrai les mesures qui s’imposent »

A cet instant, il vit le sourire ambiguë de Lyro. Quelque chose lui dit de se tenir sur ses gardes. Alors, il posa à son tour, la main sur le pommeau de son épée. Juste au cas où…

Lyro, tout à ses pensées meurtrières, ne fit d'abord pas attention au général, puis comprenant que c'était à lui que le militaire s'adressait, il tourna son cheval à demi.
"Comme vous voudrez, répondit-il simplement en haussant les épaules avec désinvolture, après tout, je ne vous ai pas demander de m'accompagner"

Lyro eu un sourire méprisant à l'adresse de son compagnon puis il repartit en direction du Vercors, sortant de la ville de Crydee.

[désolé pas d'inspiration^^]

Le regard de Lierd se durcit encore un peu plus. Face au silence de Lyro, il prit cela pour une énième provocation de la part de l’homme. Les deux autres cavaliers se rapprochèrent davantage à la vue de l’air contrarié de leur chef. La situation semblait dégénérée de secondes en secondes. Seulement, contre toute attente, rien ne se passa. Mieux. Pour un peu, on aurait pu croire que l’énigmatique cavalier chevauchant aux côtés du général lui présentait une certaine forme d’excuses!

Cette pirouette eut l’avantage de faire retomber la tension entre les deux hommes. Seulement, avant que Lierd ait le temps de relancer la conversation, Lyro lança une dernière pique à l’adresse du militaire puis éperonna sa monture en filant à toute vitesse vers le Vercors. Lierd regarda s’éloigner l’inconnu en haussant les épaules.

* Si je recroise son chemin un jour, je l’étripe!*

Se promit intérieurement le général. Puis il lança un regard froid à ses hommes et tout trois repartirent en direction du nord. Ils avaient perdu assez de temps comme ça!


(Fin pour moi!^^)