demande d'entretien avec William

Yusur venait d'arriver en fin d'après-midi.
Auparavant, il était allé au bureau de l'intendance, étourdit comme il l'était, cela ne l'étonnait nullement.
C'était là, l'une des parties où il devait paraître le plus convaincant. Il devait avoir l'air d'être réjoui, d'avoir enfin trouvé l'homme qui lui permettrait d'arrêter une bande de voleurs qu'il avait monté et imaginé de tout pièces.

** Il est évident que je n'ai pas envies de demeurer garde ou agent Krondorien toute ma vie. D'ailleurs, si je n'avais pas quitté le Port des étoiles, serais-je peut être l'un de ces émérites magiciens qui jouissent de leurs pouvoirs ? Mais cela n'est qu'une supposition, et j'ai justement quitté le repaire des magiciens, car l'aventure m'intéressait que t'autant plus à la gloire. Une gloire éphémère et futile. Mieux vaut jouir de ses talents plutôt que de s'en servir afin de faire jouir son orgueil ! Eh bien, je crois que ces quelques instants de réflexions ont suffi à faire venir ce brave William ! **

Le corpulent agent se trouvait alors face à un Yusur amusé.

"_ Bien le bonjour, chérubin ! " dit-il d'un ton blagueur.

Wiliam avait été prévenu par l'un de ses agents infiltrés à l'intérieur du palais que le voleur était arrivé. Il ne doutait pas une seule seconde que c'était certainement l'intendant qui l'avait contacté, mais préférait laisser de côté le rôle du vieil homme. Il savait que s'il l'avait prévenu, c'était simplement pour le mettre en garde. Wiliam était touché par cette attention, mais n'y accorda guère d'importance. Le voleur ne semblait pas bien dangereux.

Il se retint de s'énerver quand le voleur le salua d'une manière bien peu conventionnelle. A peine s'il grinça des dents. Il devait se montrer bien plus fort que cet amuseur de foire.

"Bien le bonjour hors-la-loi, avez-vous les informations que je vous ai demandé?"

Il l'entraîna à l'écart.
"Personne n'a besoin de savoir que nous nous sommes rencontrés aujourd'hui, n'est-ce pas?"

Une fois parfaitement dissimulés dans un coin de la cour, Wiliam regarda le voleur avec insistance, mais n'ajouta rien du tout. Il attendit, tout simplement, que Yusur se mette à parler.


[Et Yusur, c’est Wiliam et non William, il n’y a qu’un ‘l’ ^^]

[ ok, Wiliam !! ^^ ]

Yusur observa Wiliam du coin de l’œil tout en mimant l’individu indifférent. Il éprouva un malin plaisir à faire attendre son " coéquipier ", puis après une minute de silence, peut être en faveur de quelques-uns, il se décida à annoncer :

" _ Oui, et bien, ma foi, je suis parvenu à débusquer l'un de ces gredins ! En revanche, il ne se doute pas qu'il a été démasqué. Nous pourrions alors le capturer. J'ai longuement discuté avec lui, et j'ai réussi à gagner sa confiance. Il m'attends dans deux jours dans l'une de ces fameuses auberges commençant par un T et dont j'ai d'ailleurs oublié par mégarde le nom. "

Yusur guetta la réaction de l'agent princier.

** Pourvus qu'il morde à l'appât ! Je dois avoir l'air convainquant et.... pas sûr de moi...oui ! car si je suis trop sûr de moi, il se doutera de quelque chose. D'un autre côté, si tout d'un coup j'ai l'air de perdre toute ma confiance, il s'en méfiera d'autant plus. Il faut donc que j'ai l'air quelque peu... angoissé, désireux de réussir la mission qui m'a été confiée, et de vouloir devenir agent princier, ce que en vérité, je ne désire guère. **

Après cette analyse, Yusur transmit à Wiliam l'un de ses sourire moqueur mais amical. Il attendit alors la réaction de l'agent.

Wiliam eut un petit sourire de satisfaction. Ce voleur se révélait bien meilleur qu'il ne l'avait cru au premier abord. S'il n'était pas si inconstant, il aurait bien faire un excellent agent à la solde du prince.

"Bien, c'est parfait. J'espère que tout se déroulera comme prévu. Je pense que nous serons dans le coin, au cas où cela tourne mal... Ou simplement au cas où tout se déroule parfaitement. Car, après tout, il faut bien se montrer optimiste dans la vie, non?"

L'expression froide et dure du visage de l'espion contrastait énormément avec sa déclaration, mais Wiliam n'en avait cure. Les sentiments, c'était pas son truc.

"Quand à cette auberge... Vous feriez mieux de vous rappeler son nom le plus vite possible, je n'ai pas des milliers d'hommes à ma disposition, et il serait aussi déplaisant pour moi, comme pour vous, qu'ils nous filent entre les doigts. Me suis-je bien fait comprendre?"

*Des menaces, toujours des menaces ! Si cela pouvait seulement fonctionner avec ce brigand... Mais je n'ai absolument pas le temps de jouer aux intrigants. Tant pis s'il me rit au nez, un accident est si vite arrivé !*

Wiliam eut un petit signe d'approbation.

"Bien, merci pour cette information précieuse, je pense que vous aurez quelques visites pour ce rendez-vous soi-disant secret."

Par contre, Wiliam fronça les sourcils lorsque le voleur lui parla de son titre. Pourquoi était-il si pressé de l'obtenir? Après tout, ça ne changerait pas grand-chose.

"Hors la loi, vous ne pouvez pas obtenir de rendez-vous auprès de Sa Majesté. C'est moi qui Lui toucherait deux mots à propos de vous, et Elle donnera, ou non, Son approbation. De plus, vous n'avez pas besoin de ce titre pour vous rendre au rendez-vous. Je suis garant de votre sécurité, et personne ne vous arrêtera, ni même vous touchera. J'ai d'ailleurs glissé quelques mots à Sa Majesté l'autre jour, à votre propos, et Elle a, semble-t-il, totalement approuvé votre future nomination", mentit-il.

Il marqua une légère pose, puis accentua ses derniers mots :
"Néanmoins, votre nomination ne se fera pas avant que vous ayez fait vos preuves et montré totalement votre loyauté."

Cela eut le don de mettre Wiliam dans le doute. Pourquoi ce foutu voleur était-il si pressé d'obtenir son titre? Quelle manigance pouvait-il y avoir dessous? Un instant, Wiliam fut tenté de penser que le voleur l'avait roulé depuis le début, et qu'il n'avait pas retrouvé ces voleurs... Mais non. Le nom de la taverne collait trop bien pour qu'il mente. Mais alors pourquoi cet arrière goût amer refusait-il de disparaître?

Wiliam regarda partir le voleur sans rien dire.

"Si j'ai confiance en toi? murmura-t-il, un fois seul. Mais j'ai autant confiance en toi que confiance entre un assassin qui tiendrait ma vie entre ses mains."

Puis, il quitta leur coin sombre et repartit à ses occupations de soldat, tout en projetant une petite réunion le lendemain pour mettre les choses au clair avec ses hommes. Il fallait que le piège se referme parfaitement, et sans accroc. Des mois de travail ne pouvaient pas se transformer en échec à cause d'un petit voleur trop susceptible et peut-être trop sûr de lui.

Il fallait penser à toutes les éventualités, aussi bien celle que le voleur ait mentit depuis le début ou bien que, finalement, il soit avec la bande de voleur qu'il essayait de coincer. Cela allait prendre du temps de penser à tout, mais Wiliam avait deux jours devant lui...