La plus grande cité du monde

Harmani franchit les portes de Kesh sous le soleil brûlant. Les gardes ne le regardèrent même pas.
Le Hadati avait voyagé pendant huit jours avec la caravane keshiane, se protégeant ainsi de la chaleur et du manque d’eau. Il n’avait eu aucun problème majeur pendant le voyage ; seuls quelques brigands mais rien de notable. Seul un garde avait une blessure légère. Alors que la caravane arrivait aux abords de la capitale, Harmani avait quitté le groupe, emportant avec lui la moitié de sa solde de mercenaire. Une demi-journée de plus lui avait permis d’atteindre les murs de la plus grande cité du monde.
En effet, un nombre incalculable de badauds circulaient dans les immenses rues de la cité inférieure. Harmani se faisait bousculer à tout va et il lui fallut plusieurs fois jouer des épaules pour se tailler un chemin dans la foule. Le Hadati, emporté par la marée humaine des Keshians, se retrouva au beau milieu du marché central. Du haut des escaliers où il se trouvait, il put embrasser l’immensité de ce lieu. Des multitudes de couleurs se mélangeaient. Ici, une large cour où se vendaient les chameaux, là, de petites boutiques : bijoux, armes, poteries, etc.
Harmani descendit les marches en direction des différents bazars, par simple curiosité. Alors qu’il se frayait un chemin, Harmani découvrit l’étrangeté des costumes keshians. En effet, les personnes, quelles qu’elles soient, ne portaient qu’un pagne, couvrant leurs corps de la ceinture au genoux. Le Hadati fut hautement surpris de cette impudeur. Les femmes comme les hommes, les jeunes comme les vieux, ne portaient aucun vêtement qui leur couvrit le haut du corps. Quelques rares personnes, la plupart du temps à cheval et escortées, portaient un torque d’or qui devait bien peser autant qu’un armure de cuir. Le Hadati en déduisit que ce devait être des sang-pur.
Harmani atteignit rapidement les étals de poterie. Curieux, il s’arrêta devant l’un d’eux et regarda avec intérêt les dizaines de bols et de vases exposés, faits mains. Le marchand, un vieil homme, lui sourit. Harmani le lui rendit. Le vieillard se leva péniblement et s’approcha du Hadati. Il prononça quelques mots.
Harmani ne comprenait pas un traître mot de Keshian, et il put seulement hausser les épaules pour montrer son incompréhension. Il réussi cependant, par gestes, à faire comprendre au vieil homme qu’il trouvait ses poteries très belles.
L’homme se retourna pour se rasseoir mais Harmani le retint. Par gestes de nouveau, il lui fit comprendre qu’il cherchait quelqu’un qui parlait la langue du Royaume.